Au cœur du conflit israélo-palestinien, une initiative inédite émerge pour tenter de débloquer la situation des otages israéliens détenus à Gaza. Alors que les négociations officielles piétinent depuis plus d’un an, des entrepreneurs israéliens ont décidé de prendre les choses en main en proposant des récompenses financières substantielles à quiconque livrerait un otage vivant.
Des hommes d’affaires prêts à payer des millions
Selon des sources proches du dossier, plusieurs hommes d’affaires israéliens fortunés se sont regroupés pour offrir des sommes allant jusqu’à 10 millions de dollars en échange de la libération d’otages. Parmi eux, l’ancien PDG de SodaStream Daniel Birnbaum, qui a personnellement mis 100 000 dollars sur la table, valables jusqu’à mercredi minuit pour quiconque de Gaza remettrait un otage israélien en vie.
David Hager, un promoteur immobilier israélo-américain ayant fait fortune aux États-Unis, a lui aussi lancé un appel, annonçant avoir déjà réuni 400 000 dollars auprès de ses amis hommes d’affaires. Chacun aurait mis 100 000 dollars dans la cagnotte, avec l’objectif d’atteindre les 10 millions.
Appels aux Gazaouis, pas au Hamas
Les initiateurs de ces offres de récompense assurent s’adresser directement à la population de Gaza, et non au Hamas qui contrôle le territoire. Selon Daniel Birnbaum, ses interlocuteurs “se souciaient plus de sortir de Gaza que de l’argent”. Il estime qu’avec plus de 90 otages toujours aux mains du Hamas, “il y a sûrement des civils qui se disent ‘ça suffit’ et qui veulent avoir une vie normale”.
C’est impossible qu’avec tant d’otages, les gens de Gaza gardent pour eux des informations sur leur lieu de détention.
Daniel Birnbaum, entrepreneur israélien
L’armée israélienne promet la vie sauve
De son côté, l’État israélien multiplie aussi les appels à la population de Gaza. Après l’élimination du chef du Hamas Yahya Sinouar, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis aux Palestiniens qui déposeraient les armes et libèreraient les otages qu’ils auraient la vie sauve. L’armée a ensuite largué des prospectus au-dessus de Gaza, assurant que “quiconque dépose les armes et rend les otages pourra quitter Gaza et vivre en paix”.
Des appels voués à l’échec ?
Malgré ces différentes initiatives, les experts restent sceptiques quant à leurs chances de succès. Pour Michael Milshtein, du Centre Moshe Dayan de l’Université de Tel-Aviv, ces offres existent depuis le début de la guerre et n’ont jusqu’ici donné que de maigres résultats. “Il pourrait y avoir un, deux ou trois cas, mais on ne va pas voir les routes remplies de gens se disant prêts à accepter”, tempère-t-il.
Du côté palestinien aussi, la méfiance domine. Muhammad Al-Najjar, un habitant de Gaza ayant fui les combats, assure que “le Hamas ne libèrera pas les otages sans quelque chose en retour” et que la population locale “se fiche des messages que l’ennemi envoie”, ne croyant pas qu’Israël “tiendra ses promesses”.
Cessez-le-feu et échanges de prisonniers au point mort
Rappelons qu’en novembre dernier, un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas avait permis la libération d’une centaine d’otages, en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Mais depuis, toutes les tentatives pour parvenir à un nouvel accord d’échange ont échoué, laissant des dizaines d’Israéliens dans l’incertitude quant au sort de leurs proches.
Ces offres de récompense témoignent de la frustration grandissante en Israël face à l’absence de progrès dans ce dossier sensible. Elles illustrent aussi les limites de la voie diplomatique dans un conflit aussi ancien et complexe que celui opposant Israéliens et Palestiniens. Reste à voir si cette approche inédite portera ses fruits ou si, comme le redoutent les experts, elle est vouée à l’échec face aux profondes divisions et à la méfiance qui caractérisent les relations entre les deux camps.