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Explosion à Damas : Israël frappe, faisant deux morts et trois blessés

Nouvelle frappe israélienne meurtrière en plein cœur de Damas. Deux morts et trois blessés dans l'explosion qui a secoué le quartier de Mazzé, QG de l'ONU et des ambassades. Qui étaient les cibles de cette attaque? Le conflit s'intensifie entre Israël, la Syrie et le Hezbollah...

Le cœur de la capitale syrienne a de nouveau été la cible d’une frappe aérienne meurtrière. Ce lundi après-midi, un missile tiré par un drone israélien a semé la mort et la destruction dans le quartier huppé de Mazzé à Damas. Selon le ministère syrien de la Défense, l’attaque a visé une voiture civile, faisant deux victimes et trois blessés parmi les passants. Une scène de chaos s’est déroulée à proximité du ministère de l’Information et du quartier général de l’ONU, avec des véhicules calcinés et un hôtel endommagé par le souffle de l’explosion.

Une cible mystérieuse au cœur du quartier diplomatique

D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), le missile israélien a ciblé un homme non-Syrien qui se trouvait au volant de sa voiture dans ce quartier au moment de l’attaque. Curieusement, une cérémonie à la mémoire de Yahya Sinouar, un leader du Hamas tué par Israël à Gaza la semaine dernière, se déroulait au même moment à Mazzé. S’agissait-il d’un simple hasard ou l’homme visé avait-il un lien avec le mouvement palestinien ? Les autorités syriennes et israéliennes restent pour l’heure muettes sur l’identité et les motivations derrière cette frappe.

Mazzé, théâtre récurrent des raids israéliens

Le quartier de Mazzé, qui abrite de nombreuses ambassades et le QG de l’ONU en Syrie, est devenu ces dernières semaines l’épicentre des attaques israéliennes sur Damas. Le 8 octobre dernier, 13 personnes dont 9 civils y avaient déjà trouvé la mort dans une violente frappe aérienne. Selon l’OSDH, la cible était alors un immeuble fréquenté par des membres du Hezbollah libanais et des Gardiens de la révolution iraniens, deux alliés de poids du régime syrien.

Quelques jours plus tôt, c’est le gendre du leader du Hezbollah Hassan Nasrallah qui avait été tué dans un raid israélien à Mazzé. Nasrallah lui-même avait ensuite été ciblé à son domicile de Beyrouth le 27 septembre. Autant d’opérations coup de poing qui témoignent de l’escalade des tensions entre Israël et les forces pro-iraniennes en Syrie et au Liban.

Israël intensifie ses frappes en Syrie

Depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2011, l’État hébreu a mené des centaines de raids aériens dans le pays, visant principalement les positions de l’armée syrienne et de ses alliés iraniens et du Hezbollah. Si les autorités israéliennes restent généralement discrètes sur ces opérations, elles affirment vouloir à tout prix empêcher l’Iran de consolider son influence militaire en Syrie.

Mais depuis l’entrée en conflit ouvert du Hezbollah contre Israël fin septembre, la cadence des frappes s’est nettement accélérée, avec des attaques de drones quasi-quotidiennes sur Damas et sa banlieue. Une escalade militaire qui fait craindre un embrasement régional, alors que la Syrie peine toujours à se relever de plus d’une décennie de guerre fratricide.

Un conflit par procuration entre Israël et l’Iran

Au-delà de la Syrie, c’est toute la géopolitique du Moyen-Orient qui se joue dans la bataille rangée que se livrent Israël et l’Iran via leurs alliés interposés. Téhéran voit dans son soutien indéfectible au régime de Bachar al-Assad un moyen de projeter sa puissance dans la région et de menacer directement Israël depuis le plateau du Golan.

De son côté, l’État hébreu considère la présence iranienne à ses frontières comme une ligne rouge à ne pas franchir et multiplie les coups d’éclat pour endiguer l’influence grandissante de son ennemi juré. Une lutte d’influence sans merci dont les civils syriens paient le prix fort, pris en étau entre les bombardements à répétition et les jeux de pouvoir qui les dépassent.

La Syrie est devenue le théâtre d’une guerre par procuration entre Israël et l’Iran, avec son lot de victimes collatérales. Une situation intenable pour la population prise en otage de ce conflit.

– Un diplomate occidental en poste à Damas

Vers une nouvelle guerre ouverte israélo-iranienne ?

Si les affrontements restent pour l’instant cantonnés au sol syrien, beaucoup craignent que la situation ne dégénère en un conflit direct entre Israël et l’Iran. Les incidents se multiplient, comme l’arraisonnement par l’Iran de deux pétroliers dans le Golfe en représailles à la capture d’un navire iranien par Israël en mer Rouge.

Des accrochages maritimes aux cyberattaques en passant par les assassinats ciblés de scientifiques et les mystérieuses explosions visant des sites nucléaires, tous les coups semblent désormais permis entre les deux ennemis. Avec le risque d’un engrenage fatal qui pourrait embraser toute la région si les canaux diplomatiques venaient à s’épuiser.

En attendant, c’est la Syrie qui continue de subir les dommages collatéraux de ce bras de fer sans fin. Dix ans après le début du soulèvement populaire contre le régime de Damas, le pays se retrouve plus que jamais otage des ingérences étrangères et des rivalités régionales. Un cercle vicieux dont il peine à s’extirper, au grand dam de sa population épuisée par une décennie de guerre, de destructions et de souffrances.

Une issue politique compromise

Dans ce contexte de tensions exacerbées, les espoirs d’une résolution politique du conflit syrien semblent plus que jamais compromis. Malgré les efforts de médiation onusiens et l’instauration de zones de “désescalade”, aucune avancée significative n’a été enregistrée sur le front diplomatique ces dernières années.

Le régime de Bachar al-Assad, conforté par le soutien militaire russe et iranien, ne montre aucun signe de flexibilité dans les négociations avec l’opposition. Cette dernière, affaiblie et divisée, peine de son côté à parler d’une seule voix et à peser dans le rapport de force.

Pendant ce temps, la situation humanitaire continue de se dégrader, avec des millions de déplacés et de réfugiés dans les pays voisins, une économie en lambeaux et des pénuries généralisées. Un désastre dont les Syriens paieront encore longtemps le prix, prisonniers d’un engrenage guerrier sans fin nourri par les ingérences étrangères.

La communauté internationale impuissante

Face à ce statu quo mortifère, la communauté internationale peine à trouver une réponse commune et efficace. Paralysé par les divergences entre Occidentaux et Russes, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est révélé incapable d’agir pour faire respecter ses propres résolutions appelant à un cessez-le-feu et à une transition politique en Syrie.

Les sanctions économiques imposées par les États-Unis et l’Union européenne au régime syrien n’ont pas produit les effets escomptés, pénalisant davantage la population civile que les cercles du pouvoir. Et la reconstruction du pays, évaluée à plus de 400 milliards de dollars, reste dans l’impasse faute de volonté politique et de stabilité sur le terrain.

Un constat d’échec cuisant qui en dit long sur l’impuissance des Nations Unies et des grandes puissances à résoudre les conflits de haute intensité à l’ère multipolaire. Et qui laisse présager de nouvelles turbulences au Moyen-Orient, toujours sous la menace des rivalités irano-israéliennes et des soubresauts de la crise syrienne.

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