Au cœur du Burkina Faso, la ville de Djibo fait face à une crise humanitaire alarmante. Médecins Sans Frontières (MSF), une organisation de renommée internationale, vient d’annoncer la suspension de ses activités dans cette localité stratégique encerclée par des groupes armés. Une décision lourde de conséquences pour les milliers de civils piégés par la violence et dépendant de l’aide médicale fournie par MSF.
Une situation sécuritaire qui se détériore
Depuis plusieurs années, la ville de Djibo subit les assauts répétés de groupes jihadistes qui sèment la terreur dans la région. Malgré les efforts des autorités locales et des forces de sécurité, la situation ne cesse de s’aggraver. Les incidents ciblant les infrastructures civiles, y compris les centres de santé et les points d’approvisionnement en eau, se multiplient, rendant l’action humanitaire de plus en plus périlleuse.
Selon un responsable de MSF qui s’est confié sous couvert d’anonymat, l’organisation fait face à une recrudescence préoccupante de ces attaques cette année. En juillet dernier, le bureau local de MSF à Djibo a été la cible de tirs qui ont endommagé les installations d’approvisionnement en eau fournies par l’ONG. Un collaborateur burkinabè de MSF aurait même perdu la vie en septembre dans des circonstances encore troubles. Face à cette escalade de violence, MSF se voit contrainte de suspendre ses opérations pour assurer la sécurité de ses équipes.
Un afflux massif de déplacés internes
L’insécurité chronique qui règne à Djibo et dans ses environs a provoqué un exode massif des populations civiles. Selon des estimations d’ONG, la ville qui comptait 60 000 habitants il y a cinq ans, en abrite désormais plus de 200 000. Des dizaines de milliers de déplacés internes ont trouvé refuge à Djibo, fuyant les violences dans les zones rurales alentour. Cette situation exerce une pression considérable sur les infrastructures et les services de base, déjà fragilisés par des années de conflit.
Des civils piégés et privés de soins
En suspendant ses activités à Djibo, MSF prive la population locale d’un accès vital aux soins de santé. L’organisation gère notamment un hôpital et plusieurs cliniques mobiles qui permettent d’offrir une assistance médicale aux communautés les plus vulnérables. Dans un contexte où les structures de santé locales peinent à répondre aux besoins croissants, le retrait de MSF risque d’avoir des conséquences dramatiques sur la santé des civils piégés dans la ville.
Nous avons besoin de conditions de sécurité adéquates pour permettre à nos équipes de poursuivre leur mission et apporter du soutien aux communautés piégées par l’insécurité et la violence.
Moussa Ousman, responsable des programmes Afrique de l’Ouest et centrale pour MSF
Un appel à la mobilisation internationale
Face à cette situation alarmante, MSF appelle la communauté internationale à se mobiliser pour venir en aide aux populations prises au piège des violences au Burkina Faso. L’organisation exhorte les autorités locales et les acteurs humanitaires à travailler de concert pour rétablir des conditions de sécurité permettant la reprise de l’aide médicale à Djibo et dans les autres zones affectées par le conflit.
La suspension des activités de MSF à Djibo est un signal d’alarme qui met en lumière la détérioration rapide de la situation humanitaire au Burkina Faso. Alors que le pays est confronté à une intensification des attaques jihadistes, il est urgent d’agir pour protéger les civils et garantir l’accès à une aide vitale. Sans une action concertée et un soutien international renforcé, des milliers de vies risquent d’être sacrifiées sur l’autel de la violence et de l’indifférence.
