Dans un référendum crucial organisé ce dimanche 20 octobre, les Moldaves étaient appelés à se prononcer sur l’inscription dans la Constitution de l’objectif européen. Après un long suspense, c’est finalement le “oui” qui l’emporte d’une courte tête, portant l’espoir d’un avenir ancré à l’Ouest pour cette ex-république soviétique prise en étau entre l’influence russe et l’attrait de l’Union européenne.
Un choix historique dans un contexte tendu
Voisine de l’Ukraine en guerre et proche de la Roumanie membre de l’UE et de l’OTAN, la Moldavie se trouvait à la croisée des chemins lors de ce double scrutin. Les électeurs devaient non seulement élire leur président mais aussi et surtout décider de l’orientation géopolitique de leur pays pour les décennies à venir.
Malgré les pressions russes de plus en plus pesantes ces derniers mois, avec notamment un système d’achat de votes “sans précédent” révélé par les autorités, les Moldaves ont choisi de poursuivre le rapprochement avec l’Europe initié par la présidente sortante Maia Sandu, figure de proue du camp pro-occidental.
Une campagne sous haute tension
Selon les enquêteurs, la Russie aurait déboursé au moins 15 millions d’euros dans des opérations visant à influer sur le scrutin, avec à la manœuvre l’oligarque Ilan Shor, réfugié à Moscou après une condamnation pour fraude. Un vote se négociait entre 50 et 100 euros en ligne, une somme conséquente dans ce pays où le salaire moyen est de 630 euros.
“La Russie ne ménage aucun effort pour subvertir les processus électoraux en Moldavie”
Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne
Face à ces ingérences, la présidente Maia Sandu a dénoncé l’action de “groupes criminels, agissant de concert avec des forces étrangères hostiles” aux intérêts moldaves. Des accusations rejetées “catégoriquement” par le Kremlin.
Le “oui” l’emporte d’un cheveu
Après un long suspense, c’est finalement le “oui” à l’objectif européen qui s’est imposé avec 50,28% des voix, à quelques milliers de bulletins près, grâce notamment au vote de la diaspora. Un résultat contesté par Moscou, le porte-parole du Kremlin évoquant des “anomalies” dans la hausse des votes pro-européens au dernier moment.
Maia Sandu, portée par ce projet d’ancrage à l’Ouest, arrive en tête de l’élection présidentielle avec 36% des voix mais devra affronter au second tour le 3 novembre son rival pro-russe Alexandr Stoianoglo, qui a recueilli 29% des suffrages.
Un pied déjà dans l’Union européenne
Avec ce résultat, la Moldavie confirme son tropisme européen initié ces dernières années. En juin dernier, le pays avait déjà entamé officiellement les négociations d’adhésion à l’UE, dans le sillage de l’Ukraine.
L’économiste Maia Sandu, réputée incorruptible, a longtemps cherché à ménager Vladimir Poutine. Mais depuis l’invasion russe chez son voisin ukrainien, elle a résolument tourné son pays vers l’Union européenne, seul rempart selon elle face à la menace grandissante de Moscou.
Le résultat de ce référendum historique vient conforter cette orientation et ancrer durablement les aspirations européennes dans la loi fondamentale moldave. Un tournant majeur pour ce petit pays à la géographie et à l’histoire tourmentées, qui rêve désormais d’un avenir à l’Ouest.