Un simple malentendu ou les prémices d’une crise diplomatique ? L’Iran s’est empressé ce lundi de démentir toute volonté de s’ingérer dans les affaires internes du Liban, en réaction aux propos de son Premier ministre Najib Mikati. Ce dernier avait vivement accusé Téhéran de vouloir établir sa “tutelle” sur le pays du Cèdre.
Au cœur de cet imbroglio, un article publié jeudi dernier dans le quotidien français Le Figaro, rapportant les déclarations du président du Parlement iranien Mohammad Bagher Ghalibaf. Ce dernier y affirmait que l’Iran était disposé à négocier un cessez-le-feu au Liban avec la France comme médiateur entre le Hezbollah pro-iranien et Israël, actuellement en guerre ouverte dans le sud libanais.
Le Liban refuse toute “tutelle” iranienne
Des propos qui ont fait bondir le Premier ministre libanais Najib Mikati. “Nous sommes surpris par cette position qui constitue une ingérence flagrante dans les affaires libanaises et une tentative d’établir une tutelle que nous rejetons sur le Liban”, a-t-il fustigé. Une réaction d’autant plus inhabituelle que Mikati entretient de bonnes relations avec le puissant Hezbollah, allié de l’Iran et représenté au sein même de son gouvernement.
L’Iran plaide le “malentendu”
Devant l’ampleur de la polémique, l’Iran s’est empressé de calmer le jeu. “L’Iran n’a jamais eu l’intention de s’immiscer dans les affaires intérieures du Liban et n’a jamais agi de la sorte”, a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Esmaeil Baghaei lors de son point presse hebdomadaire, évoquant un “malentendu” sur les propos attribués au président du Parlement.
Nous discutons avec tout pays proposant une initiative pour mettre fin aux crimes et à l’agression contre le Liban, ainsi qu’au génocide à Gaza.
Esmaeil Baghaei, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères
Téhéran intensifie sa diplomatie régionale
Cet incident intervient alors que l’Iran multiplie ces dernières semaines les efforts diplomatiques pour promouvoir un cessez-le-feu au Liban et à Gaza, où les affrontements font aussi rage entre Israël et le Hamas palestinien. Le ministre iranien des Affaires étrangères a ainsi enchaîné les visites dans la région.
“Nous nous réjouissons que tous les pays de la région, tout comme nous, aient atteint ce niveau de maturité où la protection de la paix dans la région est un devoir commun”, s’est félicité M. Baghaei au sujet de ces initiatives.
L’ombre de la résolution 1701 de l’ONU
En toile de fond des tensions actuelles, la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée en 2006 pour mettre fin à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah. Elle stipule que seuls les Casques bleus de la FINUL et l’armée libanaise sont autorisés à se déployer dans le sud du Liban, aux portes d’Israël. Un point que le Hezbollah est régulièrement accusé de violer.
Si l’intention de Téhéran était bien de peser en faveur d’un retour au calme, la manière semble avoir heurté les susceptibilités libanaises. L’Iran jouera-t-il malgré tout un rôle dans la désescalade du conflit ? Au-delà de la guerre des mots, c’est désormais sur le terrain que les regards sont tournés pour voir si les armes finiront par se taire. En attendant, la défiance reste de mise entre deux “alliés” aux relations décidément complexes.