Alors que les relations entre les deux Corées n’ont cessé de se détériorer ces derniers mois, Séoul vient de franchir un nouveau cap dans sa condamnation du soutien apporté par son voisin du nord à la Russie dans le conflit ukrainien. Ce lundi, le vice-ministre sud-coréen des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur russe pour exprimer ses “graves préoccupations” quant à l’envoi récent de centaines de soldats nord-coréens dans l’est de la Russie.
Une “escalade significative” qui inquiète Séoul
Selon les renseignements sud-coréens, environ 1500 soldats des forces spéciales nord-coréennes seraient déjà en Russie pour s’acclimater avant de rejoindre le front ukrainien. Au total, Pyongyang pourrait déployer jusqu’à 10 000 hommes aux côtés des troupes russes. Une perspective qui alarme au plus haut point les autorités sud-coréennes.
Lors de son entrevue avec l’ambassadeur Zinoviev, le vice-ministre Kim Hong-kyun a souligné que cette alliance militaire constituait “une menace importante pour la sécurité non seulement de la Corée du Sud, mais aussi de la communauté internationale”. Il a demandé “avec fermeté le retrait immédiat des forces nord-coréennes” engagées aux côtés de Moscou.
L’Otan dénonce une dangereuse escalade
L’organisation atlantique partage l’inquiétude de Séoul. Sur le réseau social X, son secrétaire général Mark Rutte a estimé que “l’envoi de troupes par la Corée du Nord pour combattre avec la Russie en Ukraine marquerait une escalade significative” du conflit. Une analyse que ne semble guère partager le Kremlin.
Interrogé sur cette alliance qui suscite des craintes à l’international, le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov a assuré qu’elle “ne devrait inquiéter personne” car “elle n’est pas dirigée contre des pays tiers”. Moscou entend bien “poursuivre sa coopération” avec Pyongyang, a-t-il prévenu.
Quel impact des soldats nord-coréens sur le conflit ?
Alors que la guerre en Ukraine s’enlise et que la Russie semble à court d’hommes, le soutien de la Corée du Nord, son fidèle allié depuis l’époque soviétique, pourrait faire pencher la balance. Mais quel sera réellement l’impact de ces renforts nord-coréens sur le terrain ?
Kim Jong-un vise à acquérir des technologies militaires, allant des satellites de surveillance aux sous-marins
Cheong Seong-chang, directeur à l’Institut Sejong
Selon des experts, l’envoi de troupes s’inscrit dans le cadre d’un échange entre Pyongyang et Moscou. En juin dernier, les deux pays ont signé un traité de défense mutuelle aux contours flous. Pour Cheong Seong-chang, directeur à l’Institut Sejong cité par l’AFP, la Corée du Nord espère ainsi mettre la main sur des technologies militaires russes de pointe.
Reste à savoir si ces soldats aguerris, rompus au combat et prêts à servir de chair à canon, suffiront à faire basculer le conflit en faveur de la Russie. Une chose est sûre, leur arrivée sur le front ukrainien devrait encore un peu plus tendre les relations inter-coréennes.
