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La France Insoumise Dépose Une Motion De Rejet Du Budget 2025

La France Insoumise dépose une motion de rejet contre le budget 2025, mais espère qu'elle ne sera pas adoptée. Une stratégie politique surprenante qui vise à pousser le gouvernement dans ses retranchements. Découvrez les enjeux de cette manœuvre...

Le budget 2025 fait déjà des vagues à l’Assemblée nationale. Alors que l’examen du projet de loi de finances débute ce lundi soir, La France Insoumise a décidé de déposer une motion de rejet préalable. Mais cette manœuvre politique cache une stratégie surprenante : le parti ne souhaite pas que sa propre motion soit adoptée. Explications.

Une motion de rejet pas comme les autres

La motion de rejet préalable, permise par l’article 91 alinéa 5 du règlement de l’Assemblée nationale, vise normalement à rejeter un texte jugé contraire à la Constitution. Si elle est adoptée, le texte est rejeté et renvoyé au Sénat dans sa version initiale, rédigée par le gouvernement. C’est précisément ce que veut éviter La France Insoumise.

Comme l’explique Eric Coquerel, président de la commission des Finances et député LFI, sur RTL : “On sait qu’elle ne passera pas, on n’a pas envie qu’elle passe”. La raison ? Ne pas faire de “cadeau au gouvernement”, qui pourrait alors faire passer directement son budget au Sénat sans passer par la case Assemblée nationale.

Pousser le gouvernement à utiliser le 49.3

En réalité, LFI cherche à acculer le gouvernement. L’objectif est de le pousser soit à accepter une défaite sur le budget, soit à recourir à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le texte sans vote. “Car s’il y a 49.3 il y a motion de censure. Et là il y a une chance d’arrêter les frais”, assume Eric Coquerel.

Le député espère ainsi contraindre le gouvernement à mettre en jeu sa responsabilité devant l’Assemblée. Un pari risqué, car une motion de censure pourrait faire tomber le gouvernement si elle était votée par une majorité de députés. Mais LFI compte sur l’attitude du Rassemblement national, qui n’a pas encore dévoilé ses intentions en cas de 49.3.

10 minutes pour convaincre

Outre cette stratégie politique, LFI veut profiter du temps de parole offert par une motion de rejet préalable. “On pose une motion parce qu’il faut comprendre qu’elle nous donne 10 minutes de temps de parole et que c’est pas de trop pour arriver à expliquer en quoi ce budget est mauvais”, assume Eric Coquerel.

Un temps précieux pour détailler les arguments contre le projet de loi de finances, alors que les débats s’annoncent tendus dans l’hémicycle. Le Rassemblement national a déjà prévenu qu’il ne voterait pas la motion de rejet, rendant son adoption improbable. Mais son président Jordan Bardella maintient la pression, menaçant de voter une motion de censure “si des lignes rouges étaient franchies” sur le budget.

Un budget sous haute tension

Rappelons que le budget 2025 doit permettre à la France de trouver 60 milliards d’euros pour respecter ses engagements européens de réduction des déficits. Un défi de taille pour le gouvernement, qui doit composer avec une Assemblée nationale hostile où il ne dispose que d’une majorité relative.

Les oppositions comptent bien en profiter pour tenter d’infléchir le projet de loi de finances. La commission des Finances a déjà adopté de nombreux amendements, faisant du budget “un texte profondément amendé” selon Les Échos. Parmi les mesures votées, une taxe sur les “superprofits” des grandes entreprises ou encore la défiscalisation des primes des médaillés olympiques.

Autant de dispositions qui ont peu de chances de survie dans l’hémicycle, où la majorité présidentielle tentera de revenir au texte initial. Quitte à utiliser le 49.3 comme “arme atomique”, selon les mots du ministre des Comptes publics Gabriel Attal. Sauf si l’Assemblée parvient à s’entendre sur un compromis budgétaire, ce qui semble mal engagé.

Le spectre d’une crise politique

Au-delà des chiffres, c’est donc une véritable partie de poker menteur qui s’engage autour du budget 2025. Avec à la clé un risque de blocage institutionnel et de crise politique, si le gouvernement était mis en minorité ou renversé par une motion de censure. Un scénario catastrophe dont personne ne veut, mais que les manœuvres politiques des uns et des autres rendent de plus en plus plausible.

Dans ce contexte explosif, la motion de rejet de La France Insoumise apparaît presque comme un coup de bluff. Une manière de mettre la pression sur le gouvernement sans prendre le risque d’un rejet pur et simple du budget. Mais ce jeu politique pourrait se retourner contre ses initiateurs, en cas de faux pas ou de surenchère des oppositions.

Une chose est sûre : les débats sur le projet de loi de finances 2025 s’annoncent longs, difficiles et incertains. Avec en ligne de mire l’avenir économique et social du pays, suspendu aux votes des députés et aux arbitrages du gouvernement. Un budget sous haute tension, qui met la démocratie parlementaire à rude épreuve.

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