Marseille, deuxième ville de France, est depuis longtemps en proie à un fléau qui gangrène ses quartiers les plus défavorisés : le trafic de drogue. Malgré les efforts des autorités pour endiguer ce phénomène, les dealers font preuve d’une détermination sans faille pour conserver leur emprise sur ces territoires. Les récents affrontements entre trafiquants et policiers dans la cité de la Castellane illustrent de manière alarmante cette lutte acharnée pour le contrôle des points de deal.
La Castellane, épicentre des violences
Connue pour être l’un des plus importants lieux de trafic de stupéfiants de Marseille, la cité de la Castellane est régulièrement le théâtre de tensions et d’affrontements. Les opérations “place nette” menées par les forces de l’ordre depuis mars ont certes permis de démanteler plusieurs points de vente et d’interpeller de nombreux dealers, mais elles ont aussi exacerbé les tensions.
Mercredi dernier, lors de l’interpellation d’un trafiquant, un groupe d’individus s’en est violemment pris à deux policiers, blessant sérieusement l’un d’eux au visage. Une scène d’une brutalité inouïe, captée par des caméras de vidéosurveillance, qui montre l’extrême tension régnant dans ces quartiers.
Un manque à gagner qui attise les violences
Les opérations coup de poing des forces de l’ordre ont certes permis de saisir d’importantes quantités de drogue et d’argent liquide, mais elles ont aussi considérablement réduit les revenus des trafiquants. Selon certaines estimations, le manque à gagner se chiffrerait en centaines de milliers d’euros par jour pour les dealers de la Castellane.
“Ce qui se passe à la Castellane, c’est que c’est un quartier qui est très pauvre et malheureusement, le trafic fait vivre certaines personnes. La part du marché s’est considérablement réduite et les jeunes maintenant sont prêts à tout pour gagner de l’argent”, explique Mohamed Benmeddour, éducateur et médiateur à Marseille.
Face à ce manque à gagner, certains n’hésitent plus à employer la violence pour tenter de reprendre le contrôle de leur territoire et de leurs activités illicites. Les policiers, en première ligne, font les frais de cette détermination sans borne.
Maintenir la pression malgré les tensions
Pour les forces de l’ordre, hors de question de baisser la garde malgré ce regain de violences. Il s’agit au contraire de maintenir une présence constante, de jour comme de nuit, pour empêcher les trafics de se reformer.
“Aujourd’hui, il faut tenir le terrain, ne pas montrer le moindre signe de relâchement face à ces criminels qui tentent soit de revenir là, soit d’aller dans d’autres endroits, dans d’autres cités, même dans d’autres villes du département”, martèle Pierre-Edouard Colliex, préfet de police des Bouches-du-Rhône.
La détermination des autorités se traduit sur le terrain par des opérations quasi-quotidiennes, des contrôles renforcés et une présence policière accrue. Mais dans ce bras de fer engagé avec les trafiquants, la partie est loin d’être gagnée.
Les habitants pris entre deux feux
Au cœur de cette lutte sans merci entre forces de l’ordre et dealers, les habitants de ces quartiers se retrouvent souvent pris en étau, victimes collatérales d’un conflit qui les dépasse. Beaucoup vivent dans la peur, craignant autant les représailles des trafiquants que les interventions musclées de la police.
Malgré les appels au calme et les initiatives des associations locales, le climat reste explosif. Chaque interpellation, chaque opération de police est vécue comme une provocation par les dealers qui n’ont de cesse de vouloir défier l’autorité de l’État.
Un combat de longue haleine
Face à l’enracinement du trafic de drogue dans ces quartiers, les autorités en sont conscientes : la lutte sera longue et difficile. Au-delà des opérations coup de poing, c’est tout un travail de fond qui doit être mené, en partenariat avec les acteurs locaux, pour proposer des alternatives crédibles à l’économie souterraine des stupéfiants.
Éducation, insertion professionnelle, rénovation urbaine, présence des services publics : autant de leviers indispensables pour redonner espoir à une jeunesse qui ne voit trop souvent son avenir que dans la délinquance et les trafics. Un défi immense pour Marseille et pour la République, qui se doit d’être à la hauteur des enjeux.
En attendant, dans les rues de la Castellane et des autres cités, la tension reste palpable. Chacun retient son souffle, redoutant la prochaine étincelle qui pourrait à nouveau embraser ces quartiers. Car derrière les cagoules des dealers et les boucliers des CRS, ce sont des vies brisées, des familles déchirées, un tissu social qui se délite. Un constat amer pour la cité phocéenne, qui peine à se défaire de l’emprise des trafics qui la rongent depuis trop longtemps.