Coup de tonnerre dans la campagne présidentielle américaine. Le milliardaire Elon Musk a annoncé ce samedi qu’il s’engageait à verser chaque jour, jusqu’au scrutin du 5 novembre, la somme d’un million de dollars à un électeur tiré au sort parmi les signataires d’une pétition en ligne lancée par son comité d’action politique baptisé « America PAC ». Une initiative spectaculaire et inédite qui soulève de nombreuses questions sur l’influence grandissante des grandes fortunes dans le jeu démocratique.
Un chèque à 6 zéros pour soutenir Trump
Dès l’annonce faite, Elon Musk a mis sa promesse à exécution en remettant en mains propres un chèque d’un million de dollars à John Dreher, un partisan républicain de Pennsylvanie dont le nom est sorti lors d’un tirage au sort organisé en marge d’un meeting pro-Trump. Au-delà de ce gros lot, le patron de Tesla a prévu d’offrir 100$ à tout nouvel électeur de cet État-clé qui signerait la pétition, et 47$ pour ceux issus d’autres « swing states », ces fameux États pivots qui font souvent basculer l’élection.
Derrière cette pétition appelant à défendre le 1er et le 2ème amendement de la Constitution (liberté d’expression et port d’armes), se cache en réalité une vaste opération de récolte des coordonnées d’électeurs potentiels dans les États déterminants. Numéros de téléphone, adresses postales et mails sont ainsi récupérés et pourront ensuite être utilisés par les équipes de terrain du comité « America PAC » pour convaincre ces électeurs, parfois de manière très insistante, de se rendre aux urnes afin d’y glisser un bulletin Trump.
Des dons records pour peser sur l’élection
Ce n’est pas la première fois qu’Elon Musk met sa fortune colossale au service de son candidat favori, Donald Trump. Selon les déclarations officielles, le comité d’action politique « America PAC » a déjà reçu plus de 75 millions de dollars de sa part depuis le début de la campagne. Une somme destinée notamment à financer des centaines de militants pro-Trump déployés sur le terrain et grassement payés « à partir de 30$ de l’heure, plus des primes de performance » d’après le site du comité.
Avec cette nouvelle opération à 17 millions de dollars sur 17 jours, le soutien financier d’Elon Musk atteint des sommets inégalés et soulève des interrogations sur l’emprise grandissante des milliardaires dans la vie politique américaine. D’après des experts électoraux cités par le Wall Street Journal, cette initiative « s’inscrit en terrain inconnu » et illustre la volonté de certains ultra-riches d’utiliser leur fortune pour « acheter de l’influence politique à grande échelle ».
Une campagne menée tambour battant sur les réseaux
Au-delà de l’aspect financier, Elon Musk met aussi toute sa puissance médiatique et son réseau social au service de la campagne Trump. Ses tweets appelant à signer la fameuse pétition sont likés et partagés des millions de fois. Le milliardaire organise également des espaces audio sur Twitter où il vante les mérites de l’ex-président républicain pendant des heures, attirant à chaque fois des centaines de milliers d’auditeurs.
Certains stratèges démocrates s’inquiètent de l’impact de cet engagement total d’une des personnalités les plus influentes au monde. « Elon Musk fait kampagne à lui tout seul, il dicte l’agenda médiatique, mobilise des foules immenses en ligne comme sur le terrain. C’est du jamais vu, on a l’impression qu’il pèse autant qu’un parti politique » s’alarme un proche de Kamala Harris.
Elon Musk ne s’en cache pas, il veut tout faire pour que son ami Donald Trump retourne à la Maison Blanche, quitte à tordre les règles du jeu démocratique. Il est prêt à y mettre toute sa fortune s’il le faut.
Un conseiller de l’administration Biden
Les actionnaires de Tesla s’interrogent
Si l’engagement politique d’Elon Musk ne date pas d’hier, il n’avait jamais atteint une telle ampleur, suscitant des grincements de dents y compris dans son propre camp. Plusieurs actionnaires importants de Tesla se sont émus publiquement que leur PDG consacre une telle énergie et mette autant d’argent dans la campagne, au détriment potentiel de l’entreprise. Mais le principal intéressé a balayé ces critiques d’un revers de main.
Elon Musk assume totalement son engagement politique et ne s’en cache pas : il est prêt à tout pour faire gagner son champion Donald Trump, quitte à bousculer certaines règles et pratiques établies de longue date en matière de financement des campagnes. Son dernier coup d’éclat à coups de chèques et de pétitions semble accréditer la thèse de ceux qui dénoncent la dérive « ploutocratique » de la démocratie américaine, avec des milliardaires jouant un rôle de plus en plus démesuré. Une tendance inquiétante à l’heure où l’élection s’annonce particulièrement serrée et déterminante pour l’avenir des États-Unis.
