C’est au terme d’un parcours politique long et semé d’embûches que Prabowo Subianto, 73 ans, a finalement accédé dimanche à la fonction suprême en Indonésie. Cet ex-général à la carrière militaire controversée sous la dictature de Suharto est devenu le 8ème président de la première économie d’Asie du Sud-Est, succédant à Joko Widodo dit « Jokowi ». Une victoire à sa troisième tentative, après deux échecs cuisants en 2014 et 2019.
Le nouveau chef de l’État a prêté serment ce week-end, mettant fin à une période de transition de huit mois depuis sa victoire dès le premier tour en février dernier face à deux autres prétendants. Pour l’emporter, Prabowo Subianto a misé sur une confortable fortune personnelle et un choix stratégique en désignant comme colistier le fils de son prédécesseur Jokowi.
Un passé militaire qui inquiète les défenseurs des droits humains
Si son arrivée au pouvoir soulage ses partisans après 15 ans de tentatives infructueuses, elle suscite en revanche de vives inquiétudes chez les organisations de défense des droits de l’Homme. En cause, les zones d’ombre de son passé quand il dirigeait les redoutables forces spéciales indonésiennes dans les années 90.
Selon plusieurs ONG, Prabowo Subianto aurait à l’époque ordonné l’enlèvement et la disparition d’activistes pro-démocratie. Des exactions jamais élucidées, l’intéressé ayant toujours nié les faits. Cette page sombre et la crainte d’un retour en arrière démocratique ne semblent pas avoir pesé dans les urnes, en particulier chez les jeunes électeurs moins au fait de cette histoire trouble.
Une campagne habile pour adoucir son image
Habile communicant, Prabowo Subianto a en effet réussi à lisser son image durant la campagne, notamment sur les réseaux sociaux. Son engagement à poursuivre les politiques populaires de Jokowi a séduit une large part de l’électorat, selon des analystes.
Nous nous battrons pour apporter la prospérité à tous les Indonésiens. Nous poursuivrons ce qui a déjà été construit par les présidents précédents.
Prabowo Subianto lors de son dernier meeting
Un parcours privilégié malgré les soubresauts politiques
Issu d’une famille aisée, Prabowo a grandi entre l’Indonésie et l’étranger au gré des postes ministériels de son père et des crises politiques. Il a notamment vécu en exil à Singapour, en Suisse et en Angleterre quand son père a rejoint un mouvement séparatiste. Revenu au pays, il a embrassé une carrière militaire en 1970 qui le mènera jusqu’au sommet de la hiérarchie.
Son mariage en 1983 avec une des filles du dictateur Suharto, dont il divorcera par la suite, témoigne de sa proximité d’alors avec le pouvoir et les élites. C’est d’ailleurs entre 1997 et 1998, quand il dirige les forces spéciales, que se seraient produits les enlèvements d’opposants qui lui sont reprochés, y compris au Timor oriental alors occupé par l’Indonésie.
Une traversée du désert avant le retour en grâce
Limogé de l’armée en 1998, Prabowo Subianto s’exile un temps en Jordanie avant de revenir pour se lancer en affaires, investissant dans divers secteurs comme le papier, l’huile de palme ou l’énergie. Son passé sulfureux lui vaut d’être persona non grata pendant des années aux États-Unis et en Australie.
Mais son retour en grâce s’amorce quand il devient ministre de la Défense sous Jokowi, poste qui lui permet de renouer des liens avec Washington et Canberra. Fort de cette légitimité retrouvée, Prabowo se lance dans la course à la présidence dès 2009, échouant d’abord comme candidat à la vice-présidence puis à deux reprises en 2014 et 2019.
Les défis du nouveau président indonésien
Auréolé de sa victoire, Prabowo Subianto va maintenant devoir concrétiser ses promesses de campagne et rassurer sur ses intentions démocratiques. S’il devrait globalement s’inscrire dans la continuité de l’ère Jokowi, il entend aussi imprimer sa marque et faire entendre la voix de l’Indonésie sur la scène internationale.
Parmi ses défis figurent le maintien de la croissance dans un contexte économique mondial difficile, la réduction des inégalités, la création d’emplois pour une population jeune et nombreuse, la protection de l’environnement ou encore la lutte contre la corruption. Autant de chantiers cruciaux pour l’avenir de la troisième démocratie au monde.
La composition de son gouvernement, attendue dans les prochaines semaines, donnera un premier indice sur le cap qu’entend suivre le nouveau président. Beaucoup scruteront la place accordée aux militaires et le profil des ministres choisis. L’Indonésie entre dans une nouvelle ère, dont il faudra suivre de près les développements.
Selon plusieurs ONG, Prabowo Subianto aurait à l’époque ordonné l’enlèvement et la disparition d’activistes pro-démocratie. Des exactions jamais élucidées, l’intéressé ayant toujours nié les faits. Cette page sombre et la crainte d’un retour en arrière démocratique ne semblent pas avoir pesé dans les urnes, en particulier chez les jeunes électeurs moins au fait de cette histoire trouble.
Une campagne habile pour adoucir son image
Habile communicant, Prabowo Subianto a en effet réussi à lisser son image durant la campagne, notamment sur les réseaux sociaux. Son engagement à poursuivre les politiques populaires de Jokowi a séduit une large part de l’électorat, selon des analystes.
Nous nous battrons pour apporter la prospérité à tous les Indonésiens. Nous poursuivrons ce qui a déjà été construit par les présidents précédents.
Prabowo Subianto lors de son dernier meeting
Un parcours privilégié malgré les soubresauts politiques
Issu d’une famille aisée, Prabowo a grandi entre l’Indonésie et l’étranger au gré des postes ministériels de son père et des crises politiques. Il a notamment vécu en exil à Singapour, en Suisse et en Angleterre quand son père a rejoint un mouvement séparatiste. Revenu au pays, il a embrassé une carrière militaire en 1970 qui le mènera jusqu’au sommet de la hiérarchie.
Son mariage en 1983 avec une des filles du dictateur Suharto, dont il divorcera par la suite, témoigne de sa proximité d’alors avec le pouvoir et les élites. C’est d’ailleurs entre 1997 et 1998, quand il dirige les forces spéciales, que se seraient produits les enlèvements d’opposants qui lui sont reprochés, y compris au Timor oriental alors occupé par l’Indonésie.
Une traversée du désert avant le retour en grâce
Limogé de l’armée en 1998, Prabowo Subianto s’exile un temps en Jordanie avant de revenir pour se lancer en affaires, investissant dans divers secteurs comme le papier, l’huile de palme ou l’énergie. Son passé sulfureux lui vaut d’être persona non grata pendant des années aux États-Unis et en Australie.
Mais son retour en grâce s’amorce quand il devient ministre de la Défense sous Jokowi, poste qui lui permet de renouer des liens avec Washington et Canberra. Fort de cette légitimité retrouvée, Prabowo se lance dans la course à la présidence dès 2009, échouant d’abord comme candidat à la vice-présidence puis à deux reprises en 2014 et 2019.
Les défis du nouveau président indonésien
Auréolé de sa victoire, Prabowo Subianto va maintenant devoir concrétiser ses promesses de campagne et rassurer sur ses intentions démocratiques. S’il devrait globalement s’inscrire dans la continuité de l’ère Jokowi, il entend aussi imprimer sa marque et faire entendre la voix de l’Indonésie sur la scène internationale.
Parmi ses défis figurent le maintien de la croissance dans un contexte économique mondial difficile, la réduction des inégalités, la création d’emplois pour une population jeune et nombreuse, la protection de l’environnement ou encore la lutte contre la corruption. Autant de chantiers cruciaux pour l’avenir de la troisième démocratie au monde.
La composition de son gouvernement, attendue dans les prochaines semaines, donnera un premier indice sur le cap qu’entend suivre le nouveau président. Beaucoup scruteront la place accordée aux militaires et le profil des ministres choisis. L’Indonésie entre dans une nouvelle ère, dont il faudra suivre de près les développements.