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Enlèvement d’un Employé de Journal à Culiacan : La Guerre des Cartels Fait Rage

Un livreur du journal El Debate kidnappé en pleine rue à Culiacan, suite à une fusillade visant déjà les locaux du journal deux jours plus tôt. La ville est le théâtre d'une guerre sanglante entre factions d'un puissant cartel depuis...

La ville de Culiacan, capitale de l’État de Sinaloa au nord-ouest du Mexique, est depuis plusieurs semaines l’épicentre d’une guerre sanglante entre deux factions rivales issues de l’un des cartels de la drogue les plus puissants au monde. Samedi, un nouveau palier dans l’horreur a été franchi avec l’enlèvement en pleine rue d’un employé du journal local El Debate, déjà visé par des tirs d’armes lourdes contre sa façade deux jours plus tôt. Cet événement met en lumière l’extrême danger auquel sont confrontés les journalistes mexicains, en première ligne de la violence des narcotrafiquants.

Un livreur de journaux brutalement kidnappé

Selon les informations communiquées par El Debate, le drame s’est noué samedi aux premières heures du jour dans le centre-ville de Culiacan. Alors qu’il effectuait sa tournée habituelle, un livreur du journal a été violemment éjecté de sa moto par des individus surgis d’un véhicule. Un de ses collègues, témoin de la scène, a tenté de lui porter secours mais les agresseurs ont réussi à embarquer leur victime, blessée, avant de prendre la fuite. Des photos de la moto renversée du livreur, la marchandise éparpillée au sol, ont été diffusées sur les réseaux sociaux.

Cet enlèvement intervient seulement deux jours après que les locaux d’El Debate ont essuyé des tirs d’armes lourdes, qui ont endommagé la façade et plusieurs véhicules dans la nuit de jeudi à vendredi. Une escalade dans l’intimidation qui illustre la pression permanente exercée par le crime organisé sur les médias locaux.

Un journal dans la ligne de mire des cartels

Fondé il y a plus de 70 ans, El Debate est un des principaux journaux de l’État de Sinaloa. Ses journalistes travaillent sous la menace constante des narcotrafiquants, qui n’hésitent pas à recourir aux pires exactions pour les faire taire ou orienter leur couverture de la guerre que se livrent actuellement les factions issues du cartel de Sinaloa, l’un des plus puissants du Mexique.

Suite à la fusillade contre El Debate, le gouverneur de Sinaloa Rubén Rocha avait ordonné un renforcement de la présence policière devant le siège du journal. Mais cela n’a pas suffi à empêcher l’enlèvement deux jours plus tard d’un des employés. L’association Article 19, qui défend la liberté d’expression, a appelé en urgence les autorités de l’État et fédérales à se coordonner pour localiser au plus vite la victime, dont l’identité n’a pas été révélée.

Une guerre des cartels qui ensanglante Culiacan

La disparition de ce travailleur de presse est le dernier épisode en date de l’affrontement ultra-violent qui ravage Culiacan et l’État de Sinaloa depuis l’arrestation le 25 juillet aux États-Unis d’Ismael “El Mayo” Zambada, 76 ans, cofondateur du cartel de Sinaloa. Son interpellation a déclenché une lutte sans merci entre les deux principales factions qui se disputent le contrôle de l’organisation criminelle et de ses immenses profits tirés du trafic de drogue.

Près de 200 personnes ont été tuées depuis début septembre dans ces conflits, transformant Culiacan en zone de guerre. Jeudi dernier, six personnes sont mortes lors d’une nouvelle journée de violence dans la ville, théâtre d’interminables fusillades entre bandes rivales lourdement armées.

Le Mexique, un des pays les plus dangereux pour les journalistes

Au-delà de Culiacan, c’est tout le Mexique qui apparaît comme l’un des pays les plus périlleux au monde pour exercer le métier de journaliste. Depuis 2000, plus de 150 d’entre eux ont été assassinés, très souvent pour avoir enquêté sur les agissements des narcotrafiquants et leurs liens avec le pouvoir.

Les journalistes mexicains qui couvrent le crime organisé et la corruption travaillent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête.

Jan-Albert Hootsen, représentant au Mexique du Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ)

Malgré quelques progrès ces dernières années, l’immense majorité de ces crimes restent impunis, les autorités échouant à identifier et poursuivre les responsables. Un climat d’insécurité permanent qui pousse de nombreux journalistes à l’autocensure, quand ils ne sont pas contraints à l’exil pour sauver leur vie et celle de leurs proches.

Face à ce fléau, des voix s’élèvent au Mexique et à l’international pour exiger du gouvernement qu’il prenne des mesures fortes afin de garantir la liberté d’informer et la sécurité des journalistes. Car sans une presse libre et indépendante, c’est la démocratie mexicaine toute entière qui vacille sous les coups des barons de la drogue.

Les événements tragiques survenus cette semaine à Culiacan rappellent douloureusement l’urgence d’agir pour briser ce cercle infernal de la violence et de l’impunité. Pour que les journalistes mexicains puissent accomplir leur mission vitale d’information sans risquer leur vie. Et que plus jamais un livreur de journaux ne soit arraché à son labeur au petit matin par des hommes armés surgis de nulle part.

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