À l’approche de l’examen du budget 2025 à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Michel Barnier affiche sa volonté d’éviter ce qu’il qualifie de “concours Lépine fiscal”. Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, il se félicite du rejet en commission des Finances d’un texte largement remanié et amendé par les oppositions, devenu selon lui “insoutenable”.
Un budget sous haute tension
La bataille autour du projet de loi de finances 2025 s’annonce féroce à l’Assemblée nationale. Dès lundi 21 octobre, les députés entameront l’examen de la partie “recettes” du texte, avec en toile de fond la nécessité pour la France de trouver 60 milliards d’euros pour boucler son budget.
Face à un hémicycle divisé, où ni le gouvernement ni les oppositions ne disposent de majorité absolue, Michel Barnier n’exclut pas de recourir à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire adopter son texte sans vote. Mais il espère encore parvenir à un compromis acceptable.
Pas question d’alourdir davantage la fiscalité
Pour le Premier ministre, hors de question cependant de laisser le Parlement dénaturer son projet de budget en alourdissant excessivement la pression fiscale. Il met en garde :
Des dizaines de milliards d’impôts supplémentaires conduiraient à fragiliser nos entreprises et le pouvoir d’achat de nos concitoyens. Les citoyens méritent du sérieux et de la responsabilité.
En commission, les députés de gauche avaient adopté près de 200 amendements, faisant passer la facture de 50 milliards d’euros, notamment avec la création d’une taxe sur les “superprofits”. Un bouleversement jugé “insoutenable” par Matignon.
Un “effort raisonnable et juste” demandé
Michel Barnier défend “l’effort raisonnable et juste” demandé dans le texte initial du gouvernement aux plus grandes entreprises et aux ménages les plus aisés. Mais il s’engage aussi :
Je serai vigilant à ce que l’équilibre général du budget soit préservé. Je ne veux pas qu’on alourdisse la fiscalité au-delà de l’effort temporaire que nous avons demandé à certaines grandes entreprises et aux contribuables les plus aisés. Et je m’engage à ce qu’aucune taxe temporaire, dictée par les circonstances, ne devienne permanente.
Encourager l’activité économique
Au-delà de la maîtrise des prélèvements, le chef du gouvernement entend utiliser le budget comme un outil pour dynamiser l’économie française :
Je souhaite que le gouvernement, à travers le budget, garantisse des conditions stables pour encourager les acteurs économiques à investir.
Lors des débats, Bercy se montrera donc “attentif aux amendements qui préservent ou améliorent la compétitivité et, plus largement, l’activité économique”. Tout en prévenant :
Il faut que les choses soient claires : l’effort dont chacun doit prendre sa part ne peut pas se transformer en concours Lépine fiscal.
La partie s’annonce serrée pour le gouvernement, qui devra manœuvrer avec habileté pour faire adopter un budget à la fois juste socialement et efficace économiquement. Un véritable exercice d’équilibriste.