Alors que les épisodes de pluies intenses et d’inondations se multiplient aux quatre coins de l’Hexagone, les communes françaises se mobilisent pour trouver des solutions innovantes face à ce fléau. Élus locaux, ingénieurs et experts en hydrologie unissent leurs forces pour mettre en place des dispositifs inédits visant à protéger les populations et les infrastructures des dégâts causés par les crues.
Des bassins de rétention gigantesques pour contenir les eaux
À Chevreuse, dans les Yvelines, la municipalité a misé sur l’aménagement de vastes bassins de rétention en amont de la ville. D’une capacité de deux millions de mètres cubes, soit l’équivalent de 700 piscines olympiques, ces réservoirs naturels sont capables d’absorber l’excédent d’eau en cas de fortes précipitations. Grâce à ce dispositif, le niveau de l’eau n’a monté que de 40 cm en moyenne lors des dernières inondations, alors qu’il aurait pu s’élever d’un mètre supplémentaire sans ces bassins salvateurs.
Ça fonctionne de manière très simple (…). Dès qu’il se met à pleuvoir, ils montent en charge et se remplissent. Et donc, toute cette eau ne se retrouve pas dans les habitations en aval.
Anne Héry-Le Pallec, maire de Chevreuse
Une bâche géante pour faire barrage aux flots
Dans les Alpes-Maritimes, la ville de Mandelieu-la-Napoule a opté pour une solution originale en installant une immense bâche de 300 mètres de long en bordure de cours d’eau. Lorsque le niveau monte, l’eau s’engouffre dans ce dispositif qui se gonfle progressivement jusqu’à former un mur protecteur. Un pari audacieux qui semble porter ses fruits, puisque la commune a été relativement épargnée lors des derniers épisodes de crue.
Remodeler les rivières pour ralentir le débit
Autre stratégie employée : revoir entièrement le tracé des cours d’eau pour en atténuer la puissance. C’est le choix radical qu’a fait une commune de Côte-d’Or en redessinant complètement sa rivière autrefois rectiligne. Désormais, le lit suit un parcours en zigzag parsemé de virages, ce qui permet de contenir davantage d’eau et de freiner le courant. Les premiers retours d’expérience semblent concluants.
L’État appelé à définir une stratégie nationale
Si ces initiatives locales démontrent une réelle volonté d’agir face aux inondations, de nombreux élus appellent toutefois l’État à mettre en place une véritable stratégie nationale. Pour Sébastien Leroy, maire de Mandelieu-la-Napoule, il est urgent que le gouvernement prenne la mesure de l’ampleur du phénomène et débloque des moyens à la hauteur des enjeux.
L’État doit aujourd’hui comprendre qu’il ne peut plus agir comme il le fait (…). Il faut laisser l’argent aux collectivités pour faire ce genre de travail.
Sébastien Leroy, maire de Mandelieu-la-Napoule
Face au dérèglement climatique qui rend les épisodes de crue à la fois plus fréquents et plus violents, il y a urgence à agir. En attendant une réponse de l’État, les communes poursuivent leurs efforts pour développer des solutions innovantes, à l’image de ces bassins de rétention, de ces bâches protectrices ou de ces rivières réinventées. Autant d’initiatives qui pourraient bien faire école et inspirer d’autres territoires menacés.
Car une chose est sûre : il faudra faire preuve de créativité et d’audace pour s’adapter à cette nouvelle donne climatique et protéger au mieux les populations. Les inondations ne disparaîtront pas, mais en unissant leurs forces et leurs idées, les collectivités ont les moyens d’en atténuer les effets dévastateurs. Un défi majeur pour les années à venir, qui nécessitera la mobilisation de tous les acteurs concernés.