Le décès de Yahya Sinouar, chef du Hamas éliminé lors d’une opération militaire israélienne cette semaine, marque-t-il un tournant dans la guerre qui fait rage à Gaza depuis plusieurs mois ? Si cette disparition renforce politiquement le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, elle n’est pas pour autant synonyme de résolution immédiate du conflit dans l’enclave palestinienne.
Un coup politique pour Nétanyahou
L’élimination du dirigeant considéré comme l’architecte de l’attaque meurtrière du 7 octobre dernier en Israël constitue incontestablement une victoire pour Benyamin Nétanyahou et son gouvernement. Selon une source proche du pouvoir israélien, cette opération conforte la stratégie de fermeté et de persévérance prônée par les ministres les plus radicaux, à l’instar de Bezalel Smotrich, partisan d’une poursuite de l’offensive à Gaza.
Pour l’heure, c’est un bon coup politique pour Nétanyahou, mais il y aura beaucoup plus de pression pour parvenir à un accord.
Jonathan Rynhold, politologue
Néanmoins, des voix discordantes s’élèvent en Israël quant à la stratégie à adopter pour obtenir la libération des 97 otages toujours détenus à Gaza. Des proches dénoncent le manque d’anticipation du gouvernement pour gérer “le jour d’après” et faire avancer les négociations avec le Hamas.
Le Hamas promet de poursuivre la lutte
Côté palestinien, la disparition du leader ne signe pas la fin des hostilités, bien au contraire. Le mouvement islamiste a prévenu que la mort de Yahya Sinouar ne ferait que renforcer sa détermination dans la lutte contre “l’occupation israélienne”. Plusieurs hauts responsables du Hamas sont encore actifs à Gaza, notamment le frère de Sinouar, prêt à prendre la relève.
Le Hamas a également posé ses conditions pour une désescalade et la libération des otages israéliens :
- Fin immédiate de l’offensive israélienne à Gaza
- Retrait total de l’armée israélienne du territoire
- Libération des prisonniers palestiniens détenus en Israël
Un processus de paix toujours incertain
Si l’élimination d’un dirigeant emblématique comme Yahya Sinouar peut faciliter à court terme la conclusion d’un accord pour Israël, en position de force, elle ne présage en rien de l’orientation future que prendra le Hamas. Sans un véritable processus politique pour répondre aux aspirations palestiniennes, le risque de voir émerger une nouvelle génération encore plus radicale est bien réel.
La mort de Sinouar n’est pas la fin de la guerre à Gaza mais le début de la fin.
Benyamin Nétanyahou, Premier ministre israélien
Au-delà des déclarations, l’avenir du conflit à Gaza comme du processus de paix israélo-palestinien dans son ensemble demeure plus que jamais incertain. Si la disparition de Yahya Sinouar redistribue les cartes à court terme, les causes profondes de l’affrontement restent entières. Seule une reprise du dialogue, aussi improbable soit-elle à l’heure actuelle, semble en mesure d’ouvrir une perspective à ce drame qui n’a que trop duré.