Un an et quelques jours. C’est le temps qu’il aura fallu à l’armée israélienne pour mettre la main sur Yahya Sinouar, le chef du Hamas considéré comme le cerveau des attaques meurtrières du 7 octobre dernier. Après des mois de traque acharnée, celui qui était devenu l’ennemi public numéro 1 de l’État hébreu a finalement été abattu ce jeudi 17 octobre, alors qu’il se terrait dans les ruines d’un immeuble à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
Une cachette “improbable” à Rafah
Épaulés par le renseignement américain, les services de sécurité israéliens ont passé plus d’un an sur les traces de l’architecte des attaques du 7-Octobre. Mais malgré les bombardements incessants sur Gaza et les frappes ciblées contre le Hezbollah, c’est finalement par surprise qu’un groupe de soldats est tombé sur le chef du Hamas mercredi, dans le quartier de Tel al-Sultan à Rafah.
Selon des sources militaires, une unité de Tsahal patrouillait dans la zone lorsqu’elle est tombée sur un petit groupe de trois combattants qui se déplaçaient furtivement de maison en maison. Pris pour cible, les soldats de la 828ᵉ Brigade ont riposté, avec l’appui de drones. L’un des hommes s’est alors engouffré seul dans un bâtiment en ruines, qui a ensuite été touché par des tirs d’obus de char.
Ce n’est que le lendemain, en inspectant les décombres, que les militaires israéliens ont découvert et identifié le corps de Yahya Sinouar. Une cachette jugée “improbable” par les experts, tant les services de renseignement estimaient que le chef du Hamas se terrait dans des tunnels souterrains, potentiellement entouré d’otages.
Yahya Sinouar se cachait dans des lieux que nous avions déjà inspectés, mais on ne savait pas qu’il était là.
– Un porte-parole de Tsahal
Mort d’une balle dans la tête après avoir été blessé
D’après Tsahal, l’homme le plus recherché d’Israël a d’abord été grièvement blessé à une main lors d’un échange de tirs. Une vidéo diffusée par un drone israélien le montre assis sur un fauteuil dans un salon éventré, le visage dissimulé par un keffieh, tentant de stopper l’hémorragie avec un garrot de fortune.
Mais selon le médecin légiste ayant pratiqué l’autopsie, cité par le New York Times, ce sont finalement des éclats d’obus qui ont grièvement touché Yahya Sinouar à l’avant-bras droit. Il a ensuite été achevé d’une balle dans la tête, même si les circonstances exactes de ce tir mortel demeurent floues à ce stade.
Si l’armée israélienne a confirmé son identité grâce à un examen dentaire et des analyses ADN, le Hamas a pour sa part salué la mort d’un “martyr”, tombé “en combattant jusqu’à son dernier souffle”. Tout en jurant de poursuivre la lutte armée contre Israël.
Qui était Yahya Sinouar, chef militaire et figure du Hamas ?
Âgé d’une soixantaine d’années, Yahya Sinouar était considéré comme le chef militaire du Hamas dans la bande de Gaza depuis 2017. Fondateur dans les années 1980 de la branche armée du mouvement islamiste palestinien, les brigades Izz al-Din al-Qassam, il avait déjà passé plus de vingt ans dans les prisons israéliennes.
Libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de prisonniers, il était devenu ces dernières années l’une des principales figures du Hamas, prônant la lutte armée contre Israël. Les services de renseignement lui attribuaient la responsabilité de nombreuses attaques meurtrières, dont celle du 7 octobre 2023 qui avait fait 13 morts à Tel-Aviv.
Sa mort représente un coup dur pour le Hamas, même si l’organisation assure que la “résistance” se poursuivra. Elle intervient alors que les affrontements entre Israël et les groupes armés palestiniens ont atteint une intensité inédite depuis 2014, faisant craindre une nouvelle guerre d’envergure dans la région.
Un conflit sans fin entre Israël et Gaza ?
Depuis le début de l’année 2023, la bande de Gaza a été la cible de nombreux bombardements israéliens en représailles à des tirs de roquettes ou des attaques menées depuis l’enclave palestinienne. Des frappes meurtrières qui ont fait des centaines de victimes côté palestinien, tandis qu’Israël déplore plusieurs dizaines de morts dans des attentats.
Malgré les appels au calme de la communauté internationale, le cycle de violences semble pour l’heure sans fin. L’élimination de Yahya Sinouar, présentée comme une “victoire” par le Premier ministre Nétanyahou, risque encore d’attiser les tensions. Plusieurs mouvements palestiniens ont d’ores et déjà appelé à venger sa mort.
Dans un contexte de blocage politique et d’absence d’horizon pour la paix, beaucoup redoutent une nouvelle escalade meurtrière dans les prochaines semaines. Preuve que plus d’un an après le début de cette énième séquence de violences, le conflit israélo-palestinien est plus que jamais dans l’impasse.
