Alors que plus de 200 millions d’Américains s’apprêtent à voter le 5 novembre prochain pour élire leur 47e président, c’est en réalité un groupe restreint et méconnu qui aura le dernier mot : les grands électeurs. Ce système complexe, en place depuis 1787, continue de façonner la démocratie américaine. Plongeons dans les arcanes de ce scrutin indirect qui oppose cette année le républicain Donald Trump à la démocrate Kamala Harris.
Un compromis à l’américaine
Les pères fondateurs de la nation américaine, soucieux de trouver un équilibre entre vote populaire et pouvoir du Congrès, ont imaginé ce mécanisme original. Les grands électeurs, dont le nombre varie selon les États, sont ainsi chargés de désigner le locataire de la Maison Blanche. Un entre-deux démocratique qui ne fait pourtant pas l’unanimité.
538 “sages” pour une élection
Au total, 538 grands électeurs composent le Collège électoral. Leur répartition dépend de la population de chaque État, avec un minimum de trois par territoire. Ainsi, la Californie en compte 55 quand le Wyoming n’en a que trois. Le candidat qui remporte la majorité dans un État rafle généralement tous ses grands électeurs, selon le principe du “winner-takes-all”.
Quand le vote populaire ne suffit pas
Si ce système peut paraître plus équitable, il a aussi donné lieu à des résultats controversés. À cinq reprises dans l’histoire, dont deux fois au 21e siècle, le candidat ayant remporté le vote populaire a été battu au Collège électoral. Ce fut notamment le cas en 2000 avec la victoire de George W. Bush face à Al Gore, et en 2016 avec le succès de Donald Trump contre Hillary Clinton.
Le Collège électoral est une relique du passé qui n’a plus sa place dans une démocratie moderne.
Alexandria Ocasio-Cortez, représentante démocrate
Des électeurs sous surveillance
Bien que tenus de respecter le vote populaire de leur État, certains grands électeurs ont par le passé fait défection, devenant des “faithless electors”. Un phénomène suffisamment préoccupant pour que la Cour suprême décide en juillet 2020 que ces électeurs déloyaux pouvaient être sanctionnés. Une décision qui renforce le poids de ce scrutin atypique.
2024, une élection sous haute tension
À trois semaines du scrutin, Donald Trump et Kamala Harris sont au coude-à-coude dans les sondages. Si l’ancien président mise sur sa base fidèle pour l’emporter, la vice-présidente espère mobiliser l’électorat démocrate, notamment dans les swing states clés comme la Pennsylvanie ou le Michigan. Mais au final, ce sont bien les grands électeurs qui décideront de l’issue de cette bataille acharnée.
Malgré les critiques récurrentes et les appels à une réforme en profondeur, le Collège électoral reste au cœur du système politique américain. Une tradition qui façonne l’issue des élections et met en lumière les particularités de la plus grande démocratie du monde. Rendez-vous le 5 novembre pour un nouveau chapitre de cette saga électorale hors norme.