Alors que la ferveur commence déjà à monter à moins d’un an des Jeux Olympiques de Paris 2024, un sujet brûlant agite les coulisses de l’événement planétaire : la gestion de la revente des précieux sésames permettant d’assister aux compétitions. Le système mis en place par le comité d’organisation, avec une unique plateforme officielle lancée fin mai, est loin de faire l’unanimité et suscite de vives critiques de la part des associations de consommateurs comme de certains acteurs spécialisés.
Une plateforme officielle qui ne convainc pas
Pour éviter les dérives et la spéculation sauvage lors de ce rendez-vous exceptionnel, Paris 2024 a fait le choix d’une billetterie 100% numérique couplée à un site unique de revente. En théorie, l’idée semblait louable pour encadrer un marché notoirement propice aux abus. Mais dans les faits, le mécontentement gronde chez de nombreux acheteurs.
Comme le révélait dès cet été l’association UFC-Que Choisir, la commission facturée sur chaque transaction – 5% pour les vendeurs et 10% pour les acquéreurs – a suscité une pluie de plaintes. Sans compter l’impossibilité de modifier les prix à la baisse pour se défaire de places moins recherchées au sein de “packs” multi-sports, laissant de nombreux aficionados le bec dans l’eau.
Une situation de “monopole” dénoncée
Mais au-delà des critiques des particuliers, c’est tout le système qui est attaqué par des plateformes concurrentes spécialisées dans l’échange de billets d’événements sportifs et culturels. “En France, les organisateurs ouvrent le marché de la revente tout en empêchant l’émergence de concurrents. C’est une situation de monopole auto-proclamé, contraire aux règles européennes”, dénonce ainsi Victoria Binoche, porte-parole de Ticombo.
Les consommateurs attendent une offre plus large que l’actuelle, qui pousse au recours à des plateformes non officielles, augmentant le risque d’escroquerie.
Victoria Binoche, porte-parole de Ticombo
Pour étayer son propos, l’entreprise s’appuie sur une étude Opinionway révélant que ces sites spécialisés arrivent en tête des canaux utilisés par les Français pour revendre ou acquérir des places, devant l’entourage ou les réseaux sociaux, pourtant synonymes d’une plus grande incertitude.
La loi française dans le viseur
En cause notamment : le droit français particulièrement restrictif sur le sujet. Impossible en effet de commercialiser des billets pour un événement sans l’accord explicite de l’organisateur, rappelle le Code du sport. Un cadre législatif justifié par la volonté d’empêcher la spéculation et les arnaques, mais que contestent ces acteurs alternatifs.
“En encadrant trop strictement les pratiques, on ne laisse pas d’autre choix aux consommateurs que de se tourner vers des circuits parallèles échappant à tout contrôle”, regrette ainsi Victoria Binoche. Avant de plaider pour une certification “tiers de confiance” des plateformes vertueuses, basée sur un cahier des charges co-construit par toutes les parties prenantes.
Un débat amené à rebondir
Une proposition qui n’a jusqu’ici pas trouvé d’écho favorable auprès des autorités ou des organisateurs d’événements, bien décidés à garder la main. Mais le sujet est loin d’être clos, à l’heure où la chasse aux précieux tickets olympiques ne fait que commencer. Selon des sources proches du dossier, le gendarme européen de la concurrence aurait déjà été saisi et s’apprêterait à se pencher sur ce dossier épineux ces prochains mois.
Une perspective qui pourrait rebattre les cartes et contraindre Paris 2024 à revoir sa copie, sous peine de se voir accusé d’abus de position dominante dans un marché ultra-convoité. La bataille promet en tout cas d’être intense en coulisses pour savoir qui raflera la mise sur le juteux marché des places pour le plus grand événement sportif de la décennie en France.