Peut-on encore se sentir en sécurité à l’hôpital ? C’est la question que beaucoup se posent après le viol présumé d’une patiente inconsciente survenu en octobre 2022 aux urgences de l’hôpital Cochin à Paris. Alors que l’auteur présumé des faits sera bientôt jugé, l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) pourrait, elle, échapper à toute poursuite pénale malgré les graves manquements soulevés par cette affaire. Un dénouement qui laisse un goût amer aux victimes de violences à l’hôpital.
Une nuit d’horreur aux urgences de Cochin
Tout commence le 28 octobre 2022 quand Isabelle*, 34 ans, est transportée inconsciente aux urgences de l’hôpital Cochin après une chute sur la tête. Victime d’un traumatisme crânien, la jeune femme est installée dans un box en attendant d’être examinée. C’est alors qu’elle se réveille, quelques heures plus tard, sous l’emprise d’une violente douleur. Penché sur elle, un autre patient est en train de la violer. Une scène d’horreur qui aurait pu être évitée si les mesures de sécurité adéquates avaient été mises en place.
L’AP-HP bientôt hors de cause ?
Malgré la gravité des faits, l’AP-HP pourrait bien échapper à toute mise en cause dans cette affaire. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre le parquet de Paris qui s’oppose à l’ouverture d’une information judiciaire à l’encontre de l’institution hospitalière, pourtant visée par une plainte de la victime pour « mise en danger de la vie d’autrui », « blessures involontaires » et « non-assistance à personne en danger ». Un refus difficilement compréhensible pour Isabelle et son avocate.
Comment l’AP-HP peut ne pas être inquiétée alors qu’elle a failli à tous ses devoirs envers ma cliente ? C’est une honte !
Maître Sophie Dumont, avocate de la victime
Au tour de la justice de trancher
Si le parquet a requis un non-lieu concernant l’AP-HP, le dernier mot reviendra au juge d’instruction en charge du dossier. Celui-ci pourrait décider de passer outre ces réquisitions et d’ouvrir une information judiciaire, offrant ainsi une chance à la victime d’obtenir justice et réparation. Une décision très attendue qui pourrait faire jurisprudence et amener les hôpitaux à revoir leurs protocoles de sécurité.
La sécurité à l’hôpital en question
Au-delà du traumatisme subi par Isabelle, cette affaire met en lumière les graves lacunes existantes en matière de sécurité dans les hôpitaux. Comment un patient a-t-il pu s’introduire dans le box d’une femme inconsciente et l’agresser sexuellement pendant de longues minutes sans être repéré ? L’enquête devra le déterminer, mais une chose est sûre, la confiance des Français envers l’institution hospitalière risque d’être durablement ébranlée.
Quand on va à l’hôpital, c’est pour être soigné, pas agressé. Il y a urgence à rétablir un climat de confiance.
Une source proche du dossier
Seule consolation pour les victimes, l’auteur présumé du viol, interpellé peu après les faits en possession de la carte bleue d’Isabelle, comparaîtra en novembre devant la cour criminelle de Paris. Le procès, très attendu, pourrait permettre de faire toute la lumière sur les circonstances ayant permis qu’un tel drame se produise entre les murs d’un hôpital, lieu qui se doit d’être synonyme de sécurité et de bienveillance. Une affaire à suivre de très près.
*Le prénom a été modifié