La mort de Yahya Sinwar, chef du mouvement terroriste Hamas tué jeudi dans une frappe israélienne, a suscité une vive polémique en France suite à l’hommage rendu par Ismael Boudjekada, conseiller municipal de Grand Charmont dans le Doubs. Cet élu, déjà condamné en première instance pour apologie du terrorisme, a qualifié Sinwar de « héros » et de « martyr », suscitant l’indignation.
Un élu français encense un « héros » terroriste
Dans un message posté sur le réseau social X (ex-Twitter), Ismael Boudjekada n’a pas hésité à exprimer son admiration pour Yahya Sinwar, présenté par Israël comme le cerveau des attaques meurtrières du 7 octobre ayant fait plus de 1200 victimes. « Un héros est mort », a écrit l’élu, affirmant que « les médias occidentaux refusent de partager quelques-unes de ses déclarations profondément pacifistes ». Il a conclu son hommage en arabe : « Allah y rahmo » (Que Dieu lui fasse miséricorde).
Ismael Boudjekada, un élu controversé
Ce n’est pas la première fois qu’Ismael Boudjekada défraie la chronique. En juin dernier, il a été condamné en première instance à 20 000 euros d’amende et 3 ans d’inéligibilité pour apologie du terrorisme suite à des propos tenus sur le Hamas. Candidat malheureux aux dernières élections législatives sous l’étiquette du parti d’extrême-gauche Nouveau Front Populaire, il s’est aussi illustré en soutenant le retour en France de l’imam radical Mahjoubi, expulsé vers le Maroc.
Yahya Sinwar, chef terroriste éliminé
Âgé de 59 ans, Yahya Sinwar dirigeait la branche armée du Hamas dans la bande de Gaza. Libéré en 2011 lors d’un échange de prisonniers, il était devenu le chef de l’organisation en 2017. Sous son impulsion, le Hamas a multiplié les tirs de roquettes contre Israël et préparé les attentats sanglants du 7 octobre dernier. Sa mort dans une frappe de précision israélienne a été saluée par le Premier ministre Benyamin Netanyahou, qui a promis de continuer le combat contre le terrorisme.
Indignation et condamnations
Les propos d’Ismael Boudjekada ont suscité un tollé, de nombreux responsables politiques réclamant des sanctions. Le maire LR de Grand Charmont, où l’élu siège au conseil municipal, s’est dit « choqué » et a annoncé son intention de saisir le préfet et le procureur. Des parlementaires de tous bords ont dénoncé des propos « indignes » et « abjects », appelant à une réponse ferme de la justice. La classe politique s’interroge : peut-on impunément glorifier le terrorisme quand on est un élu de la République ?
Entre liberté d’expression et apologie du terrorisme
Si la liberté d’expression est un principe fondamental de notre démocratie, elle trouve ses limites dans l’apologie du terrorisme, délit puni par la loi. Selon des experts juridiques interrogés par nos confrères du Figaro, les propos d’Ismael Boudjekada pourraient tomber sous le coup de l’article 421-2-5 du code pénal, qui réprime « le fait de provoquer directement à des actes de terrorisme ou de faire publiquement l’apologie de ces actes » de 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Reste à savoir si la justice s’emparera de ce nouveau dérapage verbal de l’élu du Doubs.
Un retentissement national
Relayée par de nombreux médias nationaux, l’affaire Boudjekada soulève une nouvelle fois le débat sur la porosité de certains discours politiques avec l’islam radical et le terrorisme. Alors que le spectre du séparatisme hante le pays, l’indulgence ambiguë d’une partie de la classe politique envers des figures et des mouvements prônant la haine et la violence interroge. À l’heure où la France pleure ses morts, les hommages aux commanditaires d’attentats sanglants apparaissent plus que jamais comme une forme de complicité morale avec la barbarie.