Une simple pétition en ligne a suffi à déclencher une vive polémique à Marseille. Lancée mi-septembre, elle réclame ni plus ni moins que l’installation d’une salle de shoot, aussi appelée halte soins addictions, au sein même de la basilique Notre-Dame-de-la-Garde, haut lieu du patrimoine marseillais. Une idée pour le moins surprenante qui ne manque pas de faire réagir.
Un emplacement très symbolique qui fait débat
Le choix de la basilique Notre-Dame-de-la-Garde pour abriter une salle de shoot n’est pas anodin. Située au sommet de la colline de la Garde, elle domine la cité phocéenne et constitue l’un des monuments les plus emblématiques de Marseille. Lieu de pèlerinage depuis 800 ans, elle est chère au cœur des Marseillais.
C’est justement ce qui a motivé Nicolas Thomasset, à l’origine de la pétition, dans sa démarche. Invité sur le plateau de BFM Marseille Provence, il a défendu son initiative :
Il s’agit d’une nécessité, c’est une question de dignité.
Nicolas Thomasset, initiateur de la pétition
Mais tous ne partagent pas cet avis. Sur les réseaux sociaux, les réactions oscillent entre stupéfaction et franche hostilité. Beaucoup s’indignent de voir un lieu de culte, qui plus est l’un des plus vénérés de la ville, ainsi “dénaturé”. D’autres s’interrogent sur les motivations réelles des pétitionnaires.
La sécurité et la santé publique en question
Au-delà de la dimension symbolique, la pétition met en avant des arguments liés à la sécurité et à la santé publique. Elle part du constat que de nombreux usagers de drogue fréquentent déjà les abords de la basilique, avec les risques que cela comporte en termes d’insalubrité et de délinquance.
Installer une salle de shoot permettrait, selon les pétitionnaires, de mieux encadrer ces pratiques, de réduire les nuisances pour les riverains et d’offrir un suivi médical aux personnes concernées. Une approche pragmatique qui fait écho aux arguments généralement avancés par les partisans de ces structures.
Mais les détracteurs ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, une salle de shoot, où qu’elle se trouve, ne ferait qu’aggraver les problèmes. Ils craignent un “appel d’air”, qui verrait affluer toujours plus de toxicomanes, et une dégradation générale du quartier.
EELV apporte son soutien à la démarche
Malgré les critiques, la pétition peut compter sur des soutiens de poids, à commencer par EELV. Invité à son tour sur BFM Marseille Provence, Hassen Hammou, porte-parole régional du parti écologiste, a exprimé son accord de principe :
Nous sommes favorables à l’ouverture de salles de shoot. Peu importe le lieu, l’essentiel est qu’elles remplissent leur rôle en matière de réduction des risques.
Hassen Hammou, porte-parole EELV Provence-Alpes-Côte d’Azur
Un soutien qui ne manquera pas de faire réagir, alors que le sujet des salles de shoot reste très clivant en France. Seules deux structures de ce type ont été ouvertes à ce jour dans le pays, à Paris et à Strasbourg, non sans difficultés.
Une décision qui ne fait pas l’unanimité
À Marseille, la municipalité est pour l’instant restée prudente sur le sujet. Sollicitée, elle indique “étudier la question” sans se prononcer sur le fond. Mais en coulisses, plusieurs élus de la majorité confient leur embarras, craignant qu’un tel projet ne soit perçu comme une provocation.
Du côté de l’opposition, on dénonce une “manipulation” et un “coup de com'” des écologistes. Certains y voient une manière détournée de remettre en cause la place de l’Église dans la société. D’autres s’inquiètent des conséquences en termes d’image pour la ville.
Une chose est sûre, le débat est loin d’être clos. Avec déjà près d’une centaine de signatures en quelques semaines, la pétition a le mérite de poser la question de la place des usagers de drogue dans la ville et des réponses à apporter. Même si le choix de la basilique apparaît bien plus symbolique que réellement opérationnel.