C’est un drame de plus qui vient noircir le tableau déjà sombre du quotidien aux abords de la gare d’Argenteuil. Samedi dernier, en début de soirée, une violente rixe au couteau a éclaté entre plusieurs vendeurs de cigarettes à la sauvette, faisant un blessé grave âgé d’à peine 20 ans. Son pronostic vital est engagé.
Selon les premiers éléments de l’enquête, tout serait parti d’une banale altercation pour un emplacement stratégique de vente. Mais dans ce milieu où la concurrence est féroce et les nerfs à vif, la situation a vite dégénéré. Insultes, bousculades puis coups de couteau…en quelques secondes, le sang a coulé. “Il a reçu un coup à la jambe, au niveau de l’aine. L’artère fémorale a été touchée”, explique une source proche du dossier.
Malgré l’intervention rapide des secours, l’état de la victime, un jeune homme connu des services de police, reste très préoccupant. Quant à l’auteur présumé des coups, il a pris la fuite et est toujours recherché. Une enquête pour tentative d’homicide a été ouverte par le parquet de Pontoise.
Le trafic illicite gangrène le quartier
Malheureusement, ce genre de faits divers n’a plus rien d’exceptionnel à Argenteuil. Avec la prolifération du trafic de cigarettes, les tensions entre vendeurs à la sauvette sont de plus en plus vives. “Entre eux, c’est la jungle. Ils se battent pour les meilleurs coins, n’hésitent pas à en venir aux mains, voire pire, pour quelques dizaines d’euros”, témoigne un riverain excédé.
Un phénomène d’autant plus inquiétant qu’il se banalise sous les yeux des voyageurs et des habitants, impuissants. Les forces de l’ordre, elles, peinent à endiguer ce trafic illicite tentaculaire. Malgré les opérations coup de poing régulières, le problème persiste et s’aggrave.
Un sentiment d’insécurité grandissant
Au-delà des risques pour les trafiquants eux-mêmes, c’est tout le quartier de la gare qui souffre de cette situation. Les bagarres à répétition, la présence intimidante des vendeurs et le spectacle des transactions en pleine rue contribuent à un profond sentiment d’insécurité.
On ne se sent plus en sécurité, ni pour nous ni pour nos enfants. C’est devenu invivable. Il faut que ça cesse !
Une mère de famille du quartier
Face à l’exaspération des habitants, la municipalité promet une réponse ferme mais peine à apporter des solutions concrètes et durables. La tâche s’annonce ardue tant le trafic semble enraciné, profitant d’une clientèle nombreuse attirée par les prix défiant toute concurrence.
Sortir de l’engrenage
Au cœur de ce drame, il y a aussi le désarroi d’une jeunesse en perte de repères, happée par l’appât du gain facile. Car derrière chaque vendeur se cache souvent une trajectoire cabossée, un avenir incertain. Étudiant désargenté, migrant sans papiers, chômeur en fin de droits…tous cherchent un moyen de subsistance, quitte à basculer dans l’illégalité.
Pour enrayer cette spirale destructrice, il faudra plus que des coups de menton sécuritaires. C’est tout un travail de fond qui doit être mené, conjuguant répression des trafics, prévention de la délinquance et réinsertion des publics fragilisés. Un défi immense qui nécessitera une mobilisation de tous les acteurs locaux.
En attendant, Argenteuil retient son souffle, priant pour que le jeune homme entre la vie et la mort s’en sorte. Et pour qu’un tel drame ne se reproduise pas. Mais dans les rues de la ville, chacun le sait : tant que le trafic prospérera, la menace d’un nouveau dérapage planera. Comme une épée de Damoclès au-dessus de la tranquillité du quartier.