C’est une affaire qui fait grand bruit dans les milieux étudiants de gauche à Rennes. Trois étudiantes militantes de la Fédération syndicale étudiante (FSE) viennent de perdre leur logement étudiant après avoir participé à l’occupation des locaux du Crous en novembre dernier. Le motif ? Avoir causé près de 38 000 euros de dégâts lors de cette action en soutien à un étudiant sans-papiers malade et en situation de handicap.
Une “répression” sans précédent pour la gauche étudiante
Pour les camarades des trois étudiantes sanctionnées, il s’agit d’une “répression” d’une ampleur inédite. “Ce n’est jamais arrivé que trois camarades se fassent virer de leur logement pour une action. On n’a jamais vu une telle répression”, s’indigne l’un d’eux dans une vidéo postée sur Twitter. Toute la gauche rennaise, des syndicats étudiants aux élus locaux, monte au créneau pour dénoncer cette décision jugée disproportionnée et défendre les étudiantes expulsées.
38 000 euros de dégâts et diffamation d’une employée
Mais du côté du Crous, on assume pleinement ce choix. L’avocate de l’organisme explique que les portes ont été forcées lors de l’occupation, causant près de 38 000 euros de dommages. Elle pointe aussi du doigt la publication de posts diffamatoires sur les réseaux sociaux visant nommément une employée. Autant de faits contraires au règlement intérieur des résidences et locaux du Crous.
Les portes ont été forcées, causant près de 38 000 euros de dégâts hors taxes.
Maître Marie, avocate du Crous Bretagne
Un refus de renouvellement des locations étudiant
Concrètement, le Crous a signifié en mai dernier aux trois étudiantes le rejet de leur demande de renouvellement de location ou d’attribution d’un logement pour l’année universitaire à venir. Une décision radicale mais légale, les résidences étudiantes n’étant pas soumises à la trêve hivernale. Les trois militantes de la FSE se retrouvent donc sans solution de logement à quelques mois de la rentrée.
Occupation des locaux en soutien à un étudiant sans-papiers
Retour sur les faits. En novembre 2023, des militants étudiants occupent par deux fois le siège du Crous place Hoche à Rennes. Leur objectif : obtenir un logement et une aide d’urgence pour un étudiant sans-papiers originaire d’Afrique, malade et en situation de handicap. Malgré les dégradations et le non-respect des procédures, le Crous finit par céder et octroie un logement temporaire au jeune homme. Mais l’addition est salée.
Vives tensions entre monde étudiant et Crous
Au-delà de ce cas emblématique, l’affaire illustre les vives tensions entre une partie du monde étudiant et les instances universitaires à Rennes. D’un côté, des étudiants très politisés, prêts à des actions coup de poing pour défendre des causes, surtout quand il s’agit de migrants. De l’autre, une administration qui se durcit face aux débordements et n’hésite plus à sévir, quitte à jeter de l’huile sur le feu. Une opposition frontale qui promet encore des étincelles sur les campus rennais.