Marseille, deuxième ville de France, fait régulièrement la une des journaux pour ses problèmes d’insécurité. Face aux inquiétudes de la population, les ministres de l’Intérieur successifs ont multiplié les effets d’annonce sur le renforcement des effectifs de police. Mais un récent rapport de la Cour des comptes vient mettre à mal ces promesses, révélant une réalité bien différente sur le terrain.
Darmanin vantait une hausse des effectifs policiers
Alors ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin n’avait de cesse de souligner son action volontariste pour renforcer les forces de l’ordre dans la cité phocéenne. Régulièrement interrogé sur la situation sécuritaire dégradée, il martelait avoir augmenté significativement le nombre de policiers affectés à Marseille.
Nous avons mis des moyens comme jamais pour la sécurité des Marseillais. Les effectifs de police n’ont jamais été aussi nombreux.
– Gérald Darmanin, ancien ministre de l’Intérieur, en déplacement à Marseille
Communication trompeuse sur les chiffres
Mais les magistrats financiers de la Cour des comptes viennent jeter une ombre au tableau dressé par Gérald Darmanin. Dans un rapport au vitriol, ils pointent du doigt une communication sélective et biaisée de l’ancien locataire de la Place Beauvau :
Lors de ses prises de parole, le ministre évoquait les policiers recrutés mais ne disait rien de ceux partis et non remplacés. Le différentiel entre entrées et sorties fait apparaître une nette dégradation des effectifs marseillais entre 2016 et 2020.
– Extrait du rapport de la Cour des comptes
Des chiffres sans appel
Les données compilées par la Cour des comptes ne souffrent d’aucune ambiguïté. Le nombre de policiers en poste à Marseille, toutes filières confondues, est passé de 4232 en 2016 à seulement 3979 en 2021, soit une perte sèche de plus de 250 fonctionnaires en 5 ans. Et malgré un effort de rattrapage, les effectifs plafonnaient encore à 4064 en 2023, toujours en-deçà du niveau de 2016.
Conséquences sur le terrain
Cette érosion continue des forces de police a des répercussions concrètes pour les Marseillais. Selon des sources syndicales, elle se traduit par :
- Des délais d’intervention toujours plus longs
- Des fonctionnaires surmenés et sous pression
- Des fermetures ponctuelles de commissariats par manque d’agents
- Des enquêtes qui s’enlisent faute d’enquêteurs disponibles
Dans certains quartiers difficiles, le manque de présence policière sur la voie publique renforce le sentiment d’abandon et d’insécurité des habitants. Des commerçants témoignent de leur exaspération face à la multiplication des incivilités et des cambriolages.
Un constat d’échec cinglant
Au final, le rapport de la Cour des comptes apparaît comme un véritable désaveu de la politique sécuritaire menée ces dernières années à Marseille. Il met en lumière le décalage abyssal entre les promesses politiques et la dure réalité du terrain.
Loin des effets de manche et des annonces tonitruantes, la situation sécuritaire continue de se dégrader dans la deuxième ville de France, victime d’un sous-effectif policier chronique. Un constat qui interroge sur la capacité des gouvernements successifs à apporter des réponses concrètes et durables aux légitimes attentes des Marseillais en matière de sécurité.
