Imaginez pouvoir faire tourner votre lave-linge ou recharger votre voiture électrique en plein après-midi, tout en réalisant des économies sur votre facture. C’est ce que propose la Commission de régulation de l’énergie (CRE) avec son projet de réforme des heures creuses. Une petite révolution dans nos habitudes de consommation d’électricité qui pourrait voir le jour dès l’été 2025.
Vers une généralisation des heures creuses l’après-midi en été
Actuellement, la majorité des foyers bénéficiant d’un tarif heures pleines/heures creuses ont leurs heures creuses la nuit, typiquement de 22h à 6h. Mais avec l’essor des énergies renouvelables, et notamment du solaire, la donne est en train de changer. En été, lorsque le soleil brille, la production d’électricité photovoltaïque est abondante… parfois même trop par rapport à la demande ! Résultat : des prix de l’électricité qui peuvent devenir négatifs.
Adapter la consommation à la production
Pour éviter ce gaspillage et inciter les Français à consommer quand l’électricité est moins chère et plus verte, la CRE envisage donc de généraliser des heures creuses l’après-midi en été, à partir d’août 2025. Selon les premières estimations, 85% des clients disposant d’un tarif heures pleines/heures creuses pourraient en bénéficier, soit plus de 2 heures de heures creuses quotidiennes pour la majorité d’entre eux.
L’objectif est d’inciter à utiliser ces heures en été, par exemple pour la recharge des batteries des voitures électriques.
La Commission de régulation de l’énergie
Cette mesure s’inscrit dans le cadre de la consultation publique lancée par la CRE sur le prochain tarif d’utilisation des réseaux d’électricité (TURPE 7), qui entrera en vigueur en 2025 pour une période de 4 ans. Tous les acteurs concernés (fournisseurs d’énergie, gestionnaires de réseau, associations de consommateurs…) sont invités à donner leur avis jusqu’au 22 novembre.
Des questions en suspens
Si cette réforme semble aller dans le bon sens pour mieux exploiter les énergies renouvelables et faire baisser la facture des ménages, elle soulève néanmoins quelques interrogations :
- Comment les fournisseurs d’électricité vont-ils répercuter ces changements tarifaires ?
- Les consommateurs seront-ils au rendez-vous pour adapter leurs habitudes, sachant que la consommation est actuellement concentrée le matin et le soir ?
- Quelles seront les modalités pratiques pour les foyers équipés d’un compteur communicant Linky ?
Autant de questions auxquelles la consultation en cours devrait apporter des réponses. Les conclusions définitives sont attendues en janvier 2024 au plus tard.
Vers un monde énergétique nouveau
Au-delà de l’aspect technique et financier, c’est bien un changement de paradigme qui se profile. Avec l’intégration croissante des énergies renouvelables dans le mix électrique, il devient nécessaire d’adapter la demande à la production, et non plus l’inverse comme c’était le cas avec les moyens de production pilotables (centrales nucléaires, barrages hydroélectriques…).
Nous entrons dans le monde post-crise de l’énergie de 2022.
Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l’énergie
La présidente de la CRE parle même d’un basculement vers « le monde post-crise de l’énergie de 2022 ». Un monde où les prix du gaz et de l’électricité ont flambé suite à la guerre en Ukraine, mettant en lumière notre dépendance aux énergies fossiles. Un monde qui doit accélérer sa transition énergétique pour lutter contre le réchauffement climatique.
Dans ce contexte, mieux exploiter le potentiel du solaire et lisser la courbe de consommation apparaît comme une évidence. Reste à savoir si les Français sont prêts à jouer le jeu en faisant évoluer leurs habitudes. Une chose est sûre : les tarifs d’électricité vont devenir de plus en plus incitatifs pour les y encourager, à l’image de ce que propose la CRE avec les heures creuses l’après-midi en été.
Alors, prêts à reprogrammer votre lave-vaisselle et à brancher votre voiture en plein après-midi ? L’avenir de notre système électrique, et peut-être un peu de notre planète, en dépend. La balle est dans notre camp !
