C’est un projet d’une envergure sans précédent qui est en train de s’achever à Monaco : l’extension sur la mer d’un nouveau quartier ultra-luxueux et étonnamment vert, baptisé « Mareterra ». À l’heure où l’on s’inquiète partout de la montée des eaux, la principauté monégasque a réussi l’exploit de gagner 6 nouveaux hectares sur la Méditerranée pour y bâtir un havre de paix et de verdure réservé à une poignée de privilégiés.
2 milliards d’euros pour repousser la mer
Lancé en 2015, ce chantier pharaonique, d’un coût de plus de 2 milliards d’euros, a nécessité des prouesses techniques hors-normes. Les ingénieurs ont dû composer avec la profondeur de la mer, qui descend jusqu’à 50 mètres à cet endroit, ainsi qu’avec les contraintes sismiques et environnementales.
Pas moins de 18 caissons de béton géants ont été immergés pour former la nouvelle ligne de côte. L’espace ainsi mis au sec a été remblayé avec du sable et consolidé par plus d’un millier de pieux de 45 mètres de haut. Un ouvrage d’art titanesque !
Un pari écologique osé
Mais Monaco ne s’est pas contentée de repousser la mer. La principauté a aussi voulu faire de cette extension un modèle de développement durable. Des mesures drastiques ont été prises pour limiter l’impact sur l’environnement marin pendant les travaux :
- Déplacement de 500 m2 d’herbiers de posidonies, ces plantes aquatiques essentielles à la biodiversité
- Traitement immédiat des sédiments pollués
- Aménagements spécifiques pour permettre à la faune marine de coloniser les caissons
Un « suivi particulièrement exigeant » a été mené pendant tout le chantier, assure le gouvernement monégasque, avec des plongées et des analyses régulières. Les associations écologistes, d’abord sceptiques, n’ont finalement constaté « aucune dégradation majeure ».
Luxe, calme et végétation
Sur cette terre gagnée sur la mer s’érige aujourd’hui un quartier d’exception, pensé par les plus grands architectes. Autour d’une marina, on trouve :
- 5 immeubles aux lignes élégantes offrant 120 somptueux appartements de grand standing
- 10 villas les pieds dans l’eau, véritables joyaux d’architecture
- Des espaces publics piétons ponctués de végétation luxuriante
Avec des prix pouvant atteindre 120 000 euros le m2, ces logements ultra-luxueux se sont arrachés, générant au passage un joli pactole pour les caisses monégasques. Mais le nouveau quartier se veut aussi une attraction grand public.
Habitants comme touristes pourront bientôt déambuler entre la colline arborée, plantée de milliers d’arbres venus de Toscane, et la grande promenade au bord de l’eau. Un cadre enchanteur avec vue plongeante sur la Grande Bleue.
Monaco, laboratoire du futur ?
Avec Mareterra, Monaco a réussi son pari un peu fou de concilier extension urbaine, luxe et écologie. Un modèle pour les villes côtières menacées par le changement climatique ? C’est en tout cas ce dont se réjouit le promoteur :
« Alors que la montée des eaux va soulever la question ailleurs, on a été un vrai laboratoire. On a montré que c’était possible de bien faire. Oui ça coûte, oui on a pris le temps, mais on a fait des efforts. »
Guy-Thomas Levy-Soussan, administrateur délégué de l’Anse du Portier
Reste à savoir si ce modèle monégasque, qui allie faste et ambition écologique, est réellement transposable. Une chose est sûre : avec Mareterra, Monaco vient d’inaugurer avec panache un nouveau chapitre de son développement, les pieds dans l’eau mais la tête tournée vers l’avenir.
