Face à un déficit public qui devrait atteindre 5% du PIB en 2025, le gouvernement français a décidé, dans son prochain budget, de solliciter un effort spécifique aux Français les plus aisés. Près de 25 000 foyers fortunés devraient ainsi voir leur imposition grimper via l’instauration d’un taux minimal d’imposition de 20%. Une mesure suffisante pour certains, mais trop timide pour d’autres, à l’image du banquier d’affaires Matthieu Pigasse qui estime qu’il faut “faire plus” en matière de taxation des hauts revenus.
Un budget 2025 qui vise les plus riches
Pour ramener le déficit public à 5% du PIB en 2025 contre 6,1% prévu en 2024, le gouvernement a présenté jeudi dernier son projet de budget pour l’an prochain. Parmi les mesures phares : une contribution exceptionnelle demandée aux ménages les plus aisés.
Concrètement, un taux minimal d’imposition de 20% sera appliqué à environ 25 000 foyers fiscaux dont les revenus dépassent 1,7 million d’euros par an. Une taxe qui viendra s’ajouter à la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus déjà en vigueur.
Le taux d’impôt sur les sociétés sera par ailleurs relevé pour la poignée de grandes entreprises réalisant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires. De quoi rapporter plusieurs centaines de millions d’euros à l’État.
Matthieu Pigasse appelle à “faire plus”
Si elle va dans le bon sens pour le gouvernement, cette taxation accrue des hauts revenus est loin d’être suffisante aux yeux de certains observateurs. C’est le cas de Matthieu Pigasse, banquier d’affaires et ancien dirigeant de la banque Lazard, qui appelle l’exécutif à aller plus loin :
Les plus riches doivent participer à l’effort national compte tenu de la situation actuelle des finances publiques, de l’explosion des inégalités et pour des raisons symboliques. Je pense qu’on aurait pu faire plus encore que ce qu’on a fait là.
Matthieu Pigasse
Celui qui est désormais associé chez Centerview Partners juge que les grandes entreprises “assises sur des rentes” devraient également être mises à contribution. Une allusion à peine voilée aux profits records engrangés par certains géants de l’énergie, de la logistique ou encore du transport maritime ces derniers mois.
Des inégalités toujours plus criantes
La position de Matthieu Pigasse s’inscrit dans un contexte d’accroissement continu des inégalités en France et dans le monde, mis en lumière par de nombreux travaux ces dernières années. Selon le dernier rapport sur les inégalités mondiales coordonné par l’économiste Thomas Piketty :
- Les 10% les plus riches possèdent près de 76% du patrimoine mondial
- La fortune des milliardaires a plus que doublé depuis le début de la pandémie
- Les 50% les plus pauvres ne détiennent que 2% du patrimoine mondial
Des chiffres qui donnent le tournis et qui alimentent le débat sur la nécessité d’une plus grande redistribution des richesses, notamment via l’impôt. Pour ses défenseurs, taxer davantage les plus aisés est une question de justice sociale mais aussi un moyen de financer les dépenses publiques et de réduire les déficits.
Un sujet qui divise
Mais si l’intention est louable, la taxation des riches est loin de faire l’unanimité. Ses détracteurs mettent en garde contre les effets pervers d’une imposition alourdie, comme le risque de décourager l’investissement, l’entrepreneuriat et in fine la croissance. Certains pointent aussi le danger de voir les plus fortunés quitter le pays, privant ainsi l’économie française de précieux capitaux.
Le débat promet en tout cas d’être animé dans les prochaines semaines, à l’approche de l’examen du budget 2025 par le Parlement. Les députés pourraient être tentés d’aller plus loin que le gouvernement en matière de taxation des plus riches. À moins qu’ils ne soient sensibles aux arguments inverses. Verdict d’ici la fin de l’année.