Derrière les barreaux depuis plus de 60 ans, Tommy Recco, surnommé “Geronimo” en référence à sa longue chevelure, vient de quitter la prison de Borgo en Corse pour rejoindre le centre de détention de Salon-de-Provence dans les Bouches-du-Rhône. À 90 ans, il serait le plus vieux détenu de France. Un transfert motivé par son état de santé précaire, l’homme étant atteint d’un cancer.
Une vie derrière les barreaux
Condamné en 1983 pour plusieurs meurtres, dont un triple assassinat à Carqueiranne dans le Var en 1980 et celui de trois caissières à Béziers en 1977, Tommy Recco purge une peine de perpétuité. Avant cela, il avait déjà été incarcéré pour le meurtre de son parrain en Corse. Au total, cela fait plus de 60 ans qu’il est détenu.
Son avocat, Me Alain Lhote, explique que ce transfert vers la prison de Salon-de-Provence est lié à son état de santé :
La raison essentielle de ce transfert est son état de santé. Il souffre d’un cancer et de problèmes de mobilité. Il a été admis au sein de l’unité hospitalière sécurisée interrégionale, qui est la structure hospitalière pour détenus à Marseille.
– Me Alain Lhote, avocat de Tommy Recco
Une perpétuité contestée
En 2023, les avocats de Tommy Recco ont saisi la Cour européenne des droits de l’homme après avoir déposé près d’une vingtaine de demandes de remise en liberté, toutes rejetées. Me Alain Lhote soulève une question de principe :
Jusqu’à quand un homme peut rester en détention ? Mon client a été condamné en 1983 à la perpétuité, mais à l’époque, la perpétuité réelle n’existait pas. Nous voulons juste que cet homme meure dans son lit.
– Me Alain Lhote
La décision de la Cour européenne des droits de l’homme est attendue pour fin 2025. D’ici là, Tommy Recco restera détenu, malgré son grand âge et sa maladie.
La question des détenus âgés et malades
Le cas de Tommy Recco illustre les défis posés par le vieillissement de la population carcérale. Avec l’allongement des peines et le vieillissement général de la population, de plus en plus de détenus atteignent un âge avancé derrière les barreaux. Cela soulève des questions sur la prise en charge médicale, l’aménagement des détentions et les possibilités de libération pour raisons de santé.
Selon une source proche du dossier, la France compterait actuellement une centaine de détenus de plus de 80 ans, et ce nombre ne cesse d’augmenter. Les prisons doivent s’adapter pour accueillir ces détenus âgés, avec des besoins spécifiques en termes de soins, d’accessibilité et d’accompagnement.
Le débat sur les libérations pour raisons médicales reste sensible. Si des aménagements sont possibles au cas par cas, la question d’une politique générale pour les détenus en fin de vie se pose. Entre impératif de sécurité, sens de la peine et considérations humanitaires, le sujet est complexe.
Une détention hors norme
Avec plus de 60 ans de prison au compteur, dont 40 ans depuis sa dernière condamnation, Tommy Recco a connu une détention d’une durée exceptionnelle. Son parcours interroge sur le sens d’une incarcération au très long cours, jusqu’aux limites de la vie.
Son surnom de “Geronimo”, en référence au célèbre chef amérindien, évoque une forme de résistance et de persévérance face à l’enfermement. Mais derrière la figure du détenu âgé, c’est aussi la question du vieillissement et de la fin de vie en prison qui se pose, avec son lot de souffrances et de questionnements éthiques.
Aujourd’hui transféré à Salon-de-Provence pour raisons médicales, Tommy Recco se rapproche de Marseille et des structures hospitalières dont il a besoin. Une forme de concession face à l’âge et la maladie, pour celui qui aura passé l’essentiel de sa vie derrière les barreaux. Son histoire singulière restera celle d’une des plus longues peines jamais purgées en France.