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Urgences saturées à Lyon : les pompiers tirent la sonnette d’alarme

Aux urgences de Lyon, les pompiers sonnent l'alarme. Coincés pendant des heures avec leurs patients dans des ambulances aux abords de l'hôpital Édouard-Herriot, ils dénoncent une situation intenable qui met en péril leur capacité à intervenir. Découvrez l'envers du décor d'un système de santé à bout de souffle.

Imaginez : vous êtes victime d’un malaise et les pompiers vous prennent en charge. Mais au lieu d’être rapidement admis aux urgences, vous vous retrouvez bloqué pendant des heures dans l’ambulance, aux abords de l’hôpital. C’est malheureusement le quotidien des pompiers lyonnais, contraints de patienter de longues heures avec leurs patients faute de places disponibles au sein du service d’urgences de l’hôpital Édouard-Herriot.

Un engorgement aux lourdes conséquences

Cette situation, dénoncée depuis plusieurs mois par les soldats du feu, ne semble guère s’améliorer. Les délais d’attente s’allongent, immobilisant de précieuses ressources humaines et matérielles. « Régulièrement nos effectifs doivent patienter une heure voire une heure trente pour faire de la surveillance de patient », déplore Rémy Chabbouh, secrétaire général du syndicat SUD-SDMIS.

Et les chiffres donnent le vertige : « On a eu jusqu’à 18 pompiers sur place. 18 pompiers, c’est trois fourgons incendie qui ne partiront pas pour faire le cœur de métier », poursuit le syndicaliste. Autant d’effectifs et de véhicules indisponibles pour intervenir sur d’éventuels incendies ou autres urgences.

Un système de triage défaillant ?

Pour Rémy Chabbouh, le problème vient en partie du score de triage, censé évaluer le degré d’urgence des patients afin de définir un ordre de priorité. « À niveau d’urgence égale, les pompiers devraient être prioritaires, sur les ambulanciers par exemple, puisqu’ils n’ont pas de fonction de service public », estime-t-il.

Contactés, les Hospices civils de Lyon (HCL) affirment travailler main dans la main avec le Service départemental et métropolitain d’incendie et de secours (SDMIS) pour « garantir que chacun assume ses missions dans les meilleures conditions ». Une réunion entre les différents acteurs s’est d’ailleurs tenue mardi pour tenter de démêler cet écheveau.

Vers un transfert des interventions aux ambulanciers privés

Une des pistes évoquées serait de transférer aux ambulances privées entre 25 000 et 30 000 interventions aujourd’hui réalisées par les sapeurs-pompiers. Un soulagement potentiel pour les soldats du feu, actuellement sollicités bien au-delà de leurs capacités. « C’est positif parce que l’on est calibré pour 90.000 interventions par an et qu’actuellement on en réalise 140.000 », souligne Rémy Chabbouh.

Reste à savoir si cette mesure suffira à endiguer la crise qui paralyse les urgences lyonnaises. Car au-delà des questions logistiques, c’est tout un système de santé à bout de souffle que met en lumière cette situation alarmante, entre manque de moyens et afflux de patients.

Des solutions d’urgence dans d’autres villes

À Bordeaux, face à des délais d’attente pouvant dépasser les 6 heures, des tentes façon dispensaire médical ont été installées en 2022 pour accueillir les patients et permettre aux pompiers de quitter le CHU. Une solution de fortune qui témoigne de l’ampleur de la crise traversée par les services d’urgences partout en France.

Il y a urgence à agir pour désengorger ces services vitaux et permettre aux soignants comme aux pompiers d’exercer leurs missions dans des conditions décentes. Sans quoi, c’est la sécurité et la santé de tous les citoyens qui pourraient être mises en péril à terme.

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