Alors que l’Europe est confrontée à un afflux sans précédent de demandeurs d’asile, les gouvernements cherchent des solutions pour gérer cette crise migratoire. Aux Pays-Bas, une proposition choc vient d’être formulée par une ministre : envoyer les demandeurs d’asile déboutés en Ouganda. Une idée qui suscite de vives réactions et relance le débat sur la politique d’asile européenne.
Une ministre néerlandaise suggère l’Ouganda comme destination pour les demandeurs d’asile déboutés
C’est lors d’une visite officielle en Ouganda que Reinette Klever, ministre néerlandaise du Commerce extérieur et de la Coopération au développement, a évoqué cette possibilité. Selon une source proche du dossier, la ministre a abordé la question migratoire avec ses homologues ougandais, soulignant que son pays souhaitait « freiner l’immigration » et faciliter le retour des demandeurs d’asile déboutés dans leur pays d’origine.
« Nous entretenons une relation de longue date avec l’Ouganda et c’est un pays hospitalier », a déclaré Mme Klever, membre du Parti de la liberté (PVV), formation d’extrême droite connue pour ses positions anti-immigration. Si cette proposition n’en est qu’à ses débuts, elle témoigne de la volonté du gouvernement néerlandais de durcir sa politique migratoire.
L’Ouganda, un « pays tiers sûr » pour accueillir les migrants ?
L’idée d’envoyer les demandeurs d’asile déboutés dans un pays tiers n’est pas nouvelle. Plusieurs États européens, comme le Danemark ou le Royaume-Uni, ont déjà envisagé de tels accords avec des pays africains pour y transférer les migrants en attente d’expulsion. Mais le choix de l’Ouganda interroge, ce pays étant lui-même aux prises avec d’importants défis en matière d’accueil des réfugiés.
L’Ouganda accueille déjà plus de 1,5 million de réfugiés, principalement originaires du Soudan du Sud et de la République démocratique du Congo. Le pays est souvent cité en exemple pour sa politique d’accueil généreuse, mais ses capacités sont mises à rude épreuve.
explique un expert des migrations interrogé par notre rédaction
De plus, les conditions de vie dans les camps de réfugiés en Ouganda sont souvent précaires, avec un accès limité aux services de base comme la santé ou l’éducation. Envoyer des demandeurs d’asile déboutés dans ce contexte soulève des questions éthiques et pratiques.
Une proposition qui divise, y compris aux Pays-Bas
Aux Pays-Bas, la proposition de la ministre Reinette Klever ne fait pas l’unanimité, y compris au sein de la coalition gouvernementale. Des voix s’élèvent pour dénoncer une mesure « inhumaine » et « irréaliste », qui ne ferait que déplacer le problème sans le résoudre.
Les associations de défense des droits des migrants mettent en garde contre les risques d’une telle politique :
Expulser des demandeurs d’asile vers un pays tiers, sans garanties sur leurs droits et leur sécurité, est contraire aux principes fondamentaux du droit d’asile. C’est une forme d’externalisation qui ne dit pas son nom.
s’alarme un porte-parole d’une ONG
À l’inverse, les partisans d’une ligne dure sur l’immigration, à l’instar du PVV, saluent « le courage » de la ministre et appellent le gouvernement à aller plus loin dans le contrôle des frontières et les expulsions de migrants en situation irrégulière.
L’Europe en quête de solutions face à la crise migratoire
Au-delà du cas néerlandais, cette proposition illustre les tensions et les dilemmes auxquels sont confrontés les pays européens dans la gestion des flux migratoires. Alors que le nombre de demandes d’asile ne cesse d’augmenter, les États cherchent des moyens de réduire l’immigration et d’accélérer le retour des personnes déboutées.
Plusieurs pistes sont à l’étude au niveau européen :
- La création de « centres contrôlés » dans les pays tiers pour examiner les demandes d’asile hors du territoire européen
- Le renforcement des accords de réadmission avec les pays d’origine pour faciliter les expulsions
- Le développement de programmes d’aide au retour volontaire pour inciter les migrants au départ
- Une réforme du règlement de Dublin sur la répartition des demandeurs d’asile entre États membres
Mais ces différentes options suscitent de vifs débats et peinent à faire consensus, tant les enjeux migratoires sont sensibles politiquement. La proposition néerlandaise d’envoyer des demandeurs d’asile en Ouganda, bien que encore hypothétique, en est une nouvelle illustration.
Face à l’urgence de la situation, l’Europe devra trouver un difficile équilibre entre fermeté et humanité dans sa réponse à la crise migratoire. Un défi qui promet de figurer en bonne place dans les discussions des prochains sommets européens.