Une nouvelle frappe aérienne russe a semé la mort et la désolation dans le nord-ouest de la Syrie. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), ce raid meurtrier survenu mercredi près de la ville d’Idleb a coûté la vie à au moins 10 civils, dont un enfant, et fait plus de 30 blessés. Un bilan provisoire qui pourrait hélas s’alourdir dans les prochaines heures.
D’après l’ONG basée au Royaume-Uni, qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, les avions de guerre russes ont délibérément ciblé un atelier de meubles, une scierie et un pressoir à olives en périphérie d’Idleb, faisant de nombreuses victimes parmi les ouvriers. Quatorze enfants figurent parmi les blessés, a précisé l’OSDH.
Un cessez-le-feu bafoué
Cette nouvelle attaque intervient alors qu’un cessez-le-feu négocié par Moscou et Ankara est supposé être en vigueur à Idleb depuis mars 2020. Mais comme le déplore régulièrement l’opposition syrienne, cet accord reste lettre morte. L’aviation russe, principal soutien du régime de Bachar al-Assad, bombarde fréquemment cette zone tenue par les rebelles.
La Russie est déterminée à aider Damas à reconquérir l’intégralité du territoire syrien, au mépris des souffrances endurées par les populations civiles.
– Un analyste proche du dossier
La moitié d’Idleb aux mains des djihadistes
Environ la moitié de la province d’Idleb échappe encore au contrôle du régime syrien. Cette zone, qui abrite quelque 3 millions d’habitants dont une majorité de déplacés, est dominée par les djihadistes du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS), ex-branche syrienne d’Al-Qaïda. Début septembre, ces derniers avaient mené une attaque suicide faisant 12 morts parmi les soldats gouvernementaux, selon l’OSDH.
Un conflit dévastateur
Déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie s’est complexifiée au fil des ans avec l’implication de puissances étrangères et de groupes djihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé. Ce conflit a fait environ un demi-million de morts, des dégâts matériels considérables et jeté sur les routes de l’exil des millions de Syriens.
Malgré l’espoir suscité par l’accord russo-turc de mars 2020, la tragédie est loin d’être terminée pour les habitants d’Idleb qui continuent de subir les affres des bombardements et des combats. Face à cette situation dramatique, l’ONU et les ONG ne cessent d’appeler à une désescalade immédiate et à une solution politique en Syrie. Mais leurs voix peinent à se faire entendre dans le fracas des armes.
La frappe russe de mercredi est venue rappeler une fois de plus que les civils, et particulièrement les enfants, restent les premières victimes de cette sale guerre qui n’en finit pas. Un énième drame pour le peuple syrien, pris en étau depuis plus de dix ans entre un régime impitoyable et des groupes armés sans scrupules.