Les relations diplomatiques entre la France et Israël traversent une zone de fortes turbulences. Dernier épisode en date, les propos au vitriol de l’ancien Premier ministre Manuel Valls à l’encontre d’Emmanuel Macron, qu’il accuse de “ne rien comprendre à ce que sont Israël” et “la sensibilité du monde juif”. Une charge violente qui risque de tendre encore davantage des rapports déjà crispés entre Paris et Tel-Aviv.
Valls dénonce les “erreurs” et “fautes” de Macron
Invité sur BFMTV ce mercredi, Manuel Valls n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Selon lui, le Président de la République “commet des erreurs, des fautes politiques, historiques, stratégiques, éthiques” sur le dossier israélo-palestinien. Des prises de position qui “affaiblissent la France” et “la parole de la France dans le monde”, a-t-il fustigé.
L’ancien locataire de Matignon faisait référence aux récentes déclarations d’Emmanuel Macron rapportées par des sources proches de l’Élysée. Le chef de l’État aurait exhorté le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou à ne pas “oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU”. Une petite phrase qui a suscité l’ire dans une partie de la communauté juive et du camp présidentiel.
C’est comme s’il avait donné un bail temporaire à Israël sous réserve de bonne conduite, oubliant les conditions mêmes de la création d’Israël, de l’histoire du sionisme.
Manuel Valls, ancien Premier ministre
Incompréhension et colère
Manuel Valls a pointé du doigt les “contradictions” d’Emmanuel Macron sur ce dossier ultrasensible. “Il y a un an, il appelait à une coalition internationale contre le Hamas. Et là, par une forme d’équidistance entre le Hezbollah et Israël, il donne le sentiment de créer une coalition internationale contre Israël“, a-t-il regretté.
Signe du malaise au sein de la communauté juive, le nom du Président avait été sifflé lors d’une récente soirée organisée par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) en hommage aux victimes d’un attentat qui avait endeuillé le pays le 7 octobre dernier.
Netanyahou appelle la France à “modifier sa politique”
Dans un entretien accordé au Figaro, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a pour sa part estimé que “la France devrait se tenir aux côtés” de son pays. Il a appelé Paris à “modifier sa politique, afin de pouvoir travailler ensemble à la stabilité du Liban, ainsi que sur d’autres dossiers régionaux”.
Emmanuel Macron avait suscité la polémique début octobre en appelant ses partenaires à cesser les livraisons d’armes à Israël. Des propos perçus par certains comme une remise en cause du droit de l’État hébreu à assurer sa défense face aux menaces extérieures.
Tensions exacerbées au Proche-Orient
Cette passe d’armes verbale entre Manuel Valls et Emmanuel Macron intervient alors qu’Israël fait face à une recrudescence des violences sur plusieurs fronts. L’attentat meurtrier du 7 octobre a ravivé les plaies dans un pays endeuillé. Depuis, les forces israéliennes mènent des raids musclés en Cisjordanie occupée, théâtre de heurts récurrents.
Sur le front nord, les tensions sont également vives avec le Liban voisin. L’aviation israélienne y a mené des frappes en réponse à des tirs de roquettes imputés au mouvement chiite Hezbollah, soutenu par l’Iran. Autant de signaux inquiétants dans une région au cœur d’intenses enjeux géopolitiques.
Alors que la France peine à faire entendre sa voix, les déclarations chocs d’Emmanuel Macron et la contre-attaque cinglante de Manuel Valls illustrent toute la complexité d’un dossier ultrasensible. Un nouveau défi diplomatique pour l’exécutif, pris en étau entre la realpolitik et la défense des valeurs.