Depuis l’annonce de son Prix Nobel de littérature la semaine dernière, l’écrivaine sud-coréenne Han Kang voit les ventes de ses livres exploser dans son pays natal. En seulement quelques jours, plus d’un million d’exemplaires de ses ouvrages se sont écoulés, d’après les chiffres communiqués par les principales librairies coréennes. Un succès fulgurant et sans précédent pour celle qui devient la première femme de son pays à recevoir la plus prestigieuse récompense littéraire.
Un raz-de-marée dans les librairies
Dès l’annonce du Prix Nobel le jeudi 10 octobre, les ventes des livres de Han Kang ont été multipliées par 1200 en Corée du Sud, comparé à la même période l’an dernier. Les librairies Kyobo, Aladin et YES24, qui comptent parmi les plus importantes du pays, tant en magasin qu’en ligne, ont enregistré des records absolus :
Les livres de Han Kang font l’objet de ventes sans précédent. C’est une situation que nous n’avions jamais vue auparavant
– Kim Hyun-jung, porte-parole de Kyobo
En tout, ce sont plus d’un million d’exemplaires, livres papier et numériques confondus, qui se sont arrachés en quelques jours seulement. Pour répondre à la demande, les imprimeries tournent à plein régime, y compris le week-end. Un employé d’Aladin confie ainsi n’avoir “jamais été aussi occupé depuis [son] arrivée dans l’entreprise en 2006”.
La consécration pour une œuvre puissante
Âgée de 53 ans, Han Kang a été récompensée par le comité Nobel “pour sa prose poétique intense qui affronte les traumatismes historiques et expose la fragilité de la vie humaine”. Son roman La Végétarienne, qui lui avait valu le Man Booker Prize en 2016, reste son ouvrage le plus connu à l’international. Dans ce récit bouleversant, l’autrice explore les conséquences dramatiques du choix radical d’une femme de renoncer à consommer de la viande.
Première Asiatique à recevoir le Prix Nobel de littérature, Han Kang offre une œuvre à la fois intimiste et universelle, qui résonne particulièrement avec l’histoire tourmentée de la Corée. Son travail sur la mémoire, la violence et la résilience explique en partie l’engouement actuel du public coréen, fier de voir ainsi célébrée l’une des voix majeures de sa littérature.
Un “effet Nobel” spectaculaire
Si le talent de Han Kang était déjà reconnu dans son pays et au-delà, le Prix Nobel agit comme un formidable accélérateur pour sa notoriété et ses ventes. Selon la chaîne de librairies Aladin, l’annonce de la récompense a eu un impact massif sur l’ensemble du secteur :
- Multiplication par 12 des ventes de littérature coréenne en général
- Multiplication par 1200 des ventes des livres de Han Kang
Cette consécration devrait également doper les traductions et publications des livres de l’autrice à l’étranger. Han Kang, qui avait déjà bénéficié d’un bel “effet Booker”, avec La Végétarienne traduit dans une quarantaine de langues, franchit désormais un nouveau cap.
Ce “Nobel” coréen marque assurément un tournant, à la fois pour la carrière de cette immense écrivaine, pour le rayonnement international de la littérature coréenne, et pour tout un pays qui voit en Han Kang une nouvelle héroïne nationale. Les lecteurs du monde entier auront à cœur de découvrir ou redécouvrir cette œuvre aussi exigeante qu’essentielle, portée par une plume d’une rare puissance.
