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L’Italie et l’Albanie, un nouveau modèle pour gérer les migrations ?

L'Italie innove dans sa gestion des migrations en transférant les premiers demandeurs d'asile en Albanie. Un "modèle à suivre" pour l'Europe selon Giorgia Meloni, mais cette approche soulève aussi des questions...

L’Italie fait un pas de plus vers l’externalisation de sa politique migratoire. Mercredi 16 octobre, les premiers transferts de migrants des côtes italiennes vers l’Albanie ont eu lieu, marquant le début d’une nouvelle approche dans la gestion des flux migratoires en Europe. Une quinzaine d’hommes originaires du Bangladesh et d’Égypte, secourus en mer, ont ainsi débarqué dans le port albanais de Shëngjin.

L’Albanie, terre d’examen des demandes d’asile pour l’Italie

Selon des sources proches du dossier, l’objectif de ces transferts est de délocaliser le traitement des demandes d’asile hors du territoire italien, et plus largement hors de l’Union européenne. Les migrants secourus en Méditerranée seront donc directement acheminés en Albanie, pays allié de longue date de l’Italie, où leurs dossiers seront examinés.

Cette voie des centres de retour en dehors de l’UE est une possibilité que l’Europe devrait continuer à explorer.

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne

Un “modèle” vanté par Giorgia Meloni

La Première ministre italienne Giorgia Meloni n’a pas manqué de saluer cette nouvelle approche, se disant “fière que l’Italie soit devenue un modèle à suivre” en matière de lutte contre l’immigration clandestine. Elle met en avant le “pragmatisme” et “l’efficacité” de cette stratégie d’externalisation, validée selon elle par les partenaires européens.

Coopération renforcée avec les pays tiers

Cette première expérience avec l’Albanie s’inscrit dans une volonté plus large de l’Italie de renforcer sa coopération avec les pays de départ et de transit des migrants. Des accords ont ainsi été signés ces derniers mois avec la Tunisie, la Libye ou encore la Turquie pour tenter d’endiguer les départs vers les côtes italiennes.

Des questions en suspens

Si ce modèle est présenté comme une solution par le gouvernement italien, il soulève néanmoins de nombreuses interrogations. Quid des conditions d’accueil des demandeurs d’asile en Albanie ? De l’accès à une procédure juste et équitable ? Du respect du droit d’asile ? Autant de points qui restent à éclaircir et qui suscitent l’inquiétude des associations de défense des droits humains.

L’externalisation, une tendance de fond en Europe

Au-delà de l’Italie, c’est une tendance de fond qui semble se dessiner en Europe. Plusieurs pays, confrontés à des arrivées importantes de migrants, envisagent de suivre la voie italienne et de délocaliser le traitement des demandes d’asile. Le Danemark a ainsi passé un accord avec le Rwanda, tandis que le Royaume-Uni envisage de transférer des demandeurs d’asile au Ghana.

Reste à voir si ce “modèle” italien sera effectivement repris et généralisé. Une chose est sûre, la question de l’externalisation s’impose comme un des enjeux majeurs des politiques migratoires européennes pour les années à venir. Avec en toile de fond, l’épineuse question de la solidarité et du partage de responsabilité entre États membres dans l’accueil des demandeurs d’asile.

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