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Coup de tonnerre dans la grande distribution française

Le bras de fer s'intensifie entre le gouvernement et la grande distribution. L'exécutif réclame un effort budgétaire ponctuel, déclenchant l'ire des enseignes qui dénoncent un "matraquage fiscal". Une guerre des prix en vue pour les consommateurs ?

Le torchon brûle entre le gouvernement et la grande distribution. Alors que l’exécutif demande aux enseignes un “effort exceptionnel et ponctuel” dans le cadre du budget 2025, ces dernières montent au créneau, n’hésitant pas à parler de “matraquage fiscal”. Un bras de fer qui pourrait bien se répercuter sur les prix en rayons.

La grogne des enseignes face à l’appel du gouvernement

Lundi, la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD), principale organisation patronale du secteur, a fustigé dans un communiqué le “matraquage fiscal organisé par le gouvernement Barnier”, estimant qu’il revenait à “l’État d’endosser l’effort de redressement des comptes publics au lieu de transférer la responsabilité de son déficit sur les entreprises”.

Une sortie qui intervient après les propos de la ministre de la Consommation Laurence Garnier, laquelle avait appelé les acteurs concernés à “mesurer l’impératif d’accepter de faire un effort”. Une injonction mal accueillie par la grande distribution, déjà échaudée par les discussions houleuses autour de la loi Alimentation en début d’année.

Si on nous taxe, cela va se répercuter par l’augmentation des prix en rayon ou par de l’emploi qui sera détruit.

– Thierry Cotillard, patron des Mousquetaires/Intermarché

Les enseignes brandiront-elles la menace des licenciements et hausses de prix ?

Début octobre, le dirigeant des Mousquetaires/Intermarché Thierry Cotillard avait déjà tiré la sonnette d’alarme : “Si on nous taxe, cela va se répercuter par l’augmentation des prix en rayon ou par de l’emploi qui sera détruit”. Des menaces qui font écho à celles proférées lors des débats sur la loi Egalim 2.

Mais du côté du gouvernement, on se veut inflexible. “Si certains font le choix de répercuter cela sur l’augmentation des prix, la loi du marché s’appliquera, les consommateurs feront leur choix”, a averti Laurence Garnier, renvoyant la balle dans le camp des distributeurs.

L’hôtellerie-restauration monte aussi au front

La fronde anti-fiscale ne se limite pas à la grande distribution. Mercredi, c’est l’hôtellerie-restauration qui est montée au créneau via un communiqué incendiaire de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (Umih). L’organisation professionnelle y dénonce pêle-mêle la “hausse du coût de l’embauche d’un apprenti”, le “transfert vers les entreprises d’une partie de l’indemnisation des arrêts maladie”, ou encore “l’augmentation des tarifs non réglementés” de l’électricité.

Ces différentes mesures risquent d’aggraver la situation économique de dizaines de milliers de TPE/PME du secteur qui peinent déjà à se relever des effets de la crise sanitaire.

– L’Umih dans un communiqué

Un coup de semonce qui illustre le climat de défiance entre le gouvernement et le monde de l’entreprise, sur fond de ralentissement économique et d’envolée de l’inflation. Reste à savoir si l’exécutif tiendra bon face à la bronca des professionnels, ou s’il finira par lâcher du lest pour éviter une guerre des prix dommageable pour le pouvoir d’achat des Français.

La question des distorsions de concurrence

Autre point de crispation : les éventuelles distorsions de concurrence entre acteurs de la distribution. Selon une source proche du dossier à Bercy, les services du ministre du Budget plancheraient sur le sujet, les coopératives pouvant en effet être exemptées de la fameuse contribution exceptionnelle en raison de leur statut.

De quoi susciter l’ire des grands groupes intégrés comme Carrefour ou Casino, qui pourraient y voir une iniquité de traitement. Un casse-tête de plus pour le gouvernement, déjà empêtré dans de multiples polémiques fiscales.

Les consommateurs, grands perdants de la bataille ?

In fine, ce sont bien les consommateurs qui risquent d’être les dindons de la farce dans cette guerre de tranchées entre le gouvernement et les professionnels. Car si les enseignes mettent leurs menaces à exécution, ce sont bien les ménages qui verront leur pouvoir d’achat amputé, que ce soit par une hausse des prix en magasin ou par des suppressions d’emplois.

L’exécutif joue donc gros dans ce bras de fer, lui qui a fait de la préservation du pouvoir d’achat des Français sa priorité numéro un. Mais il semble déterminé à ne pas plier face aux revendications des professionnels, quitte à aller au clash. Les prochaines semaines s’annoncent décisives, et riches en rebondissements.

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