La star du football français Kylian Mbappé se retrouve au cœur d’une affaire de viol présumé en Suède. Alors que le joueur du Paris Saint-Germain se dit serein et nie les accusations, cette affaire met en lumière la législation très stricte du pays scandinave en matière de crimes sexuels. Depuis 2018, l’absence de consentement suffit à caractériser un viol.
Mbappé « raisonnablement suspect » dans une enquête pour viol
D’après une source proche du dossier, Kylian Mbappé a été identifié comme l’auteur présumé d’un viol par une femme qui affirme avoir été agressée sexuellement le 10 octobre dernier à Stockholm, où séjournait le footballeur. La police suédoise a perquisitionné la chambre d’hôtel de la star, désormais considérée comme « raisonnablement suspecte », le degré de suspicion le plus faible.
Via son avocate, Mbappé a indiqué qu’il se soumettra « évidemment » aux questions de la justice suédoise si nécessaire, tout en affirmant n’avoir « strictement rien à se reprocher ». Il compte porter plainte pour « dénonciation calomnieuse ».
La Suède, fer de lance de la pénalisation du viol en Europe
Cette affaire survient dans un pays à la législation très stricte en matière de crimes sexuels. Longtemps pointée du doigt pour son retard sur le sujet, la Suède est devenue ces dernières années une référence dans la lutte contre les violences sexuelles.
En juillet 2018, dans la foulée du mouvement #MeToo, le royaume scandinave a adopté une loi novatrice sur le consentement sexuel. Désormais, l’absence de consentement, verbal ou physique, suffit à caractériser un viol, même sans violences ou menaces. La passivité n’est plus considérée comme un accord tacite.
Introduction du « viol par négligence »
La loi suédoise de 2018 a aussi créé une nouvelle infraction de « viol par négligence », lorsque les tribunaux estiment que le consentement n’a pas été établi mais que l’auteur n’avait pas l’intention de commettre un viol. Cette infraction est passible de 4 ans de prison.
Depuis, les condamnations et plaintes pour crimes sexuels ont bondi de 75% en Suède entre 2017 et 2019. La durée moyenne des peines de prison ferme est passée de 25 à 27 mois. Une hausse à laquelle les autorités ne s’attendaient pas.
« Pendant longtemps, les procureurs suédois devaient, pour condamner, prouver l’usage de violences ou une vulnérabilité flagrante de la victime. La vague #MeToo a constitué une bascule. »
– Une source judiciaire suédoise
Un modèle pour d’autres pays européens
Cette législation avant-gardiste n’est pas exclusive à la Suède. Le Royaume-Uni, l’Irlande, l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et Chypre considèrent eux aussi les relations sexuelles sans consentement comme des viols.
Mais dans la plupart des autres pays européens, dont la France, le viol est encore défini comme un acte sexuel commis avec violence ou menace. Une définition jugée trop restrictive par de nombreuses associations.
L’affaire Mbappé sera donc suivie de près, car elle pourrait constituer un test grandeur nature pour la législation suédoise, souvent présentée comme un modèle dans la lutte contre les violences sexuelles. La justice du pays scandinave prendra-t-elle ce dossier très médiatique aussi au sérieux que les autres ? Réponse dans les prochaines semaines.
