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Vague de grèves chez Sanofi : le Doliprane en péril ?

Après l'annonce de la vente d'Opella, filiale de Sanofi produisant le Doliprane, les syndicats montent au créneau. Une grève illimitée est prévue dès jeudi sur tous les sites du groupe. Le gouvernement tente de rassurer mais les inquiétudes persistent sur l'avenir de ce médicament emblématique. La souveraineté sanitaire de la France est-elle menacée ? Décryptage.

Depuis plusieurs jours, la tension monte chez Sanofi. En cause : l’annonce par le groupe pharmaceutique français de son intention de vendre sa filiale Opella, qui produit notamment le Doliprane, au fonds d’investissement américain CD&R. Une opération à plus de 1 milliard d’euros qui ne passe pas auprès des syndicats.

Grève illimitée sur tous les sites dès jeudi

Pour tenter de faire plier la direction, les organisations syndicales de Sanofi appellent à une grève illimitée sur tous les sites du groupe à compter de ce jeudi. La CGT, la CFDT, FO et d’autres syndicats sont sur la même ligne : cette vente est inacceptable.

“Cette vente est une aberration économique. On demande à Sanofi de garder une participation majoritaire dans Opella. C’est une question de souveraineté sanitaire”

– Un responsable syndical CFDT

Pour les salariés, la production du Doliprane, médicament emblématique et essentiel, ne peut pas être ainsi cédée au privé. Ils redoutent des délocalisations et des suppressions de postes si Opella passe sous pavillon américain. Le site de Compiègne, qui emploie 250 personnes, serait particulièrement menacé.

Le gouvernement tente de rassurer

Face à la grogne des salariés, les ministres de l’Économie et de l’Industrie se sont rendus lundi sur le site de Lisieux, autre fleuron de la production pharmaceutique française. Ils ont assuré que l’État serait vigilant sur le maintien de “l’empreinte industrielle et de l’emploi” ainsi que sur les “volume de production” dans l’hypothèse d’une vente.

Mais ces promesses peinent à convaincre les syndicats, qui demandent un “moratoire” et des “engagements écrits et chiffrés”. Pour eux, l’avenir du Doliprane et du paracétamol “made in France” est en jeu. Ils pointent aussi du doigt la stratégie de Sanofi qui ne cesse de se séparer de ses activités industrielles nationales.

La souveraineté sanitaire française fragilisée ?

Au-delà des emplois, c’est bien la souveraineté sanitaire de la France qui semble menacée par ces opérations répétées. Déjà très dépendant des importations de médicaments, notamment de Chine et d’Inde, l’hexagone pourrait perdre encore un peu plus la maîtrise de ses approvisionnements en produits de santé essentiels.

“On a vu avec le Covid l’importance d’avoir une production nationale. Que se passera-t-il en cas de nouvelle pandémie si on a cédé nos usines ?”

– Un délégué CGT

Le bras de fer entre les syndicats et Sanofi autour du Doliprane illustre les limites de la mondialisation à tout va de l’industrie pharmaceutique. Face aux impératifs économiques et boursiers, les enjeux de santé publique peinent souvent à peser. Un débat crucial à l’heure où les pénuries de médicaments se multiplient.

Affaire à suivre donc, avec en toile de fond ce dilemme en apparence insoluble : comment concilier compétitivité des entreprises et sécurité des approvisionnements en médicaments ? La mobilisation des salariés de Sanofi contribuera peut-être à faire bouger les lignes. Réponse dans les prochains jours.

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