Une petite bombe fiscale vient d’être lâchée dans le débat sur les retraites. Selon nos informations, le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), un organe lié à la Cour des comptes, rend public ce jeudi un rapport qui ne manquera pas de faire réagir. Au cœur de ses recommandations pour « conforter l’égalité devant l’impôt » : la remise en cause de certains avantages fiscaux dont bénéficient aujourd’hui les retraités les plus aisés.
Des « privilèges fiscaux » dans le viseur
Pour les experts du CPO, il est temps de « revenir sur certains traitements fiscaux préférentiels » dont profitent les seniors les mieux lotis. Parmi les pistes avancées, figure notamment la suppression de l’abattement fiscal de 10% sur les pensions de retraite. Un coup de rabot qui toucherait de plein fouet les retraités imposables.
« Cet abattement n’a plus de justification aujourd’hui », estime une source proche du dossier. Selon les calculs du CPO, sa disparition entraînerait mathématiquement une hausse de 11% du revenu imposable pour les retraités concernés. De quoi faire grimper la note, avec des hausses d’impôts significatives à la clé, en particulier pour ceux dont les revenus se situent dans les tranches à 30% et plus.
Un effort réclamé aux retraités aisés
Plus globalement, le rapport préconise de revoir la répartition de l’effort fiscal entre actifs et retraités. Aujourd’hui, souligne-t-il, les 10% de Français les plus riches acquittent près des trois quarts de l’impôt sur le revenu. Mais au sein de ce groupe, les retraités restent relativement préservés par rapport aux actifs, du fait de divers mécanismes dérogatoires.
Pour le CPO, il conviendrait donc de rééquilibrer la donne, quitte à toucher au portefeuille des aînés les plus fortunés. « L’équité et le consentement à l’impôt sont en jeu », insiste un expert. Une manière de répondre aussi aux critiques récurrentes sur le niveau de vie et le pouvoir d’achat des retraités, jugés parfois trop favorables par rapport au reste de la population.
Des pistes explosives à l’approche de 2025
Reste à savoir comment ces propositions seront accueillies par le gouvernement et les parlementaires, à l’heure où se profile déjà la réforme des retraites. Sollicité, l’entourage du ministre de l’Économie s’est refusé à tout commentaire. Mais en coulisses, certains avouent que le sujet est « politiquement sensible », à moins de deux ans de la présidentielle.
Du côté des associations de retraités, la pilule a déjà du mal à passer. « On nous demande toujours plus d’efforts, c’est insupportable ! », s’emporte un responsable. À l’inverse, des voix s’élèvent pour saluer un rapport « courageux et nécessaire ». « Il était temps de s’attaquer aux privilèges et de remettre de la justice dans notre système fiscal », applaudit un élu de la majorité.
Une chose est sûre : voilà un pavé dans la mare qui ne manquera pas d’animer les prochains débats budgétaires. Les arbitrages s’annoncent d’ores et déjà périlleux pour l’exécutif, pris en étau entre impératif de redressement des comptes publics et risque politique. Les retraités les plus aisés ont du souci à se faire.