Après des années de turbulences et d’incertitudes, l’horizon énergétique de l’Europe semble s’éclaircir. Des signes encourageants se profilent, laissant entrevoir une amélioration de la sécurité énergétique du continent. Mais peut-on vraiment crier victoire ? Décryptage d’une situation complexe aux multiples enjeux.
Un répit bienvenu sur les marchés de l’énergie
Selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’Europe pourrait connaître un répit sur les marchés du pétrole et du gaz dans la deuxième partie de la décennie. Une offre abondante est attendue, faisant basculer le rapport de force en faveur des acheteurs.
Cette perspective réjouira les consommateurs européens, durement éprouvés par la flambée des prix de l’énergie ces dernières années. Entre 2019 et 2023, le coût moyen du système électrique dans l’UE a bondi de 60% par rapport aux États-Unis. Une hausse douloureuse qui a pesé sur le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises.
De nouveaux terminaux GNL à l’horizon 2025
Pour réduire sa dépendance au gaz russe suite à l’invasion de l’Ukraine, l’Europe a dû trouver des alternatives en urgence. De nouveaux terminaux d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) devraient entrer en service à partir de 2025, principalement au Qatar et aux États-Unis. Ils ajouteront plus de 250 milliards de mètres cubes de capacité d’ici 2030, soit une augmentation de près de 50% de la capacité mondiale d’exportation de GNL.
Ces nouvelles infrastructures devraient atténuer les tensions sur les marchés du gaz et créer un “tampon” en cas de perturbations. Elles exerceront aussi une pression à la baisse sur les prix, les fournisseurs étant mis en concurrence.
Le virage vert de l’Europe se confirme
Parallèlement, la transition énergétique du continent s’accélère. En 2023, l’Europe a réduit ses capacités de production d’électricité à partir de combustibles fossiles de 15%, tout en augmentant de 15% celles issues des énergies renouvelables. Une tendance qui devrait s’accentuer.
D’ici à 2035, la part des renouvelables dans la production d’électricité de l’UE devrait passer de 45% à environ 80% selon l’AIE. Ce verdissement permettrait de réduire les coûts totaux du système électrique européen d’environ 12% à cet horizon.
Dans la deuxième partie de la décennie, nous nous attendons à des marchés du pétrole et du gaz beaucoup plus confortables, qui seront dominés par les acheteurs plutôt que par les vendeurs.
Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE
L’essor de la mobilité électrique redistribue les cartes
L’essor mondial de la mobilité électrique, tiré par la Chine, met aussi les producteurs de pétrole dans l’embarras. Ils font face à une offre excédentaire importante qui pèsera sur les cours. Une bonne nouvelle pour les consommateurs européens, même si la vigilance reste de mise face à d’éventuels soubresauts géopolitiques.
Des défis subsistent malgré l’embellie
Si les perspectives s’améliorent, l’Europe n’est pas à l’abri de nouvelles turbulences énergétiques. La sécurisation des approvisionnements, la maîtrise des coûts et l’accélération de la transition bas-carbone restent des priorités. Sans oublier la nécessité d’une solidarité renforcée entre États membres face aux crises.
L’amélioration de la sécurité énergétique européenne est une bonne nouvelle, mais ne doit pas conduire à un relâchement des efforts. L’avenir énergétique du continent se joue dès maintenant, entre résilience et durabilité. Un défi majeur pour les années à venir, qui engage la responsabilité de tous: décideurs politiques, acteurs économiques et citoyens.