ActualitésSociété

Le poignant témoignage de Mickaëlle Paty, 4 ans après l’assassinat de son frère Samuel

4 ans après l'assassinat de Samuel Paty, sa sœur Mickaëlle livre un témoignage poignant. Elle revient sur les détails de l'affaire, le deuil de sa famille et questionne la responsabilité de l'Etat. Un entretien bouleversant à lire absolument pour ne jamais oublier...

Il y a quatre ans, la France entière était sous le choc. Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, était brutalement assassiné par un terroriste islamiste. Poignardé à 17 reprises puis décapité, il laissait derrière lui une épouse dévastée et un jeune fils orphelin de père. Aujourd’hui, alors que sa mémoire reste plus que jamais vivace, sa sœur Mickaëlle Paty a choisi de sortir du silence. Dans un entretien bouleversant accordé à Sept à Huit, elle revient sur les détails de l’affaire et le deuil impossible de sa famille.

« Vous auriez eu à apprendre de mon frère »

Face à Emmanuel Macron venu lui présenter ses condoléances peu après le drame, Mickaëlle Paty n’a pas mâché ses mots. « Je lui ai dit “Vous auriez eu à apprendre de mon frère” », confie-t-elle, la gorge nouée par l’émotion. Car pour elle, nul doute que Samuel incarnait les valeurs de la République qu’il s’efforçait de transmettre à ses élèves. Liberté d’expression, esprit critique, ouverture d’esprit… Autant de principes pour lesquels ce passionné s’est battu jusqu’au bout.

Mais au-delà de l’hommage, c’est aussi un cri de colère que lance Mickaëlle Paty. Celui d’une sœur emplie d’incompréhension face à l’enchaînement tragique des événements. « L’enquête administrative demandée par Jean-Michel Blanquer disait que nul n’a failli, cela faisait passer mon frère pour un peu responsable », déplore-t-elle. Une pilule d’autant plus dure à avaler qu’aucun des ministres sollicités, de Gabriel Attal à Nicole Belloubet en passant par Gérald Darmanin, n’a daigné répondre à ses requêtes. Révoltée, elle a fini par attaquer l’État en justice.

Le procès, une épreuve supplémentaire

Mais le combat de Mickaëlle Paty est loin d’être terminé. Lors du procès des complices présumés de l’assassin de Samuel, la jeune femme a en effet été profondément choquée par l’attitude de l’une des élèves jugées. « Elle n’a pas fait preuve de remords à mes yeux. Pour elle on ne prenait pas assez en compte ses sentiments… », souffle-t-elle, sidérée.

Un sentiment renforcé par ce qu’elle considère comme un laxisme intolérable de la justice. D’après une source proche du dossier, l’adolescente à l’origine de la cabale contre Samuel Paty aurait en effet bénéficié d’un sursis intégral. « Il faut quand même se rendre compte que la justice française a accordé un sursis intégral à la première responsable de la cabale islamiste ayant mené à la décapitation d’un professeur », s’insurge l’avocat de la famille.

La France a-t-elle retenu les leçons du drame ?

Quatre ans après les faits, Mickaëlle Paty ne décolère pas. Et pour cause : malgré l’onde de choc provoquée par l’attentat, les actes antilaïques se multiplient dans les établissements scolaires. « Si la mort de mon frère avait servi à quelque chose, peut-être que Dominique Bernard serait encore là. Les mesures n’ont pas du tout été prises », constate-t-elle, en référence à cette enseignante menacée fin 2021 après un cours sur le terrorisme.

Un constat glaçant, qui en dit long sur les défis qui restent à relever pour honorer la mémoire de Samuel Paty. Car en ce funeste anniversaire, une certitude demeure : l’École de la République est plus que jamais en danger. Et il en va de la responsabilité de tous, pouvoirs publics en tête, de tout mettre en œuvre pour la défendre. Un impératif qui doit nous guider chaque jour, pour que plus jamais un enseignant ne paye de sa vie le fait de transmettre son savoir.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.