Une affaire sans précédent secoue aujourd’hui le monde de l’aviation civile. La compagnie allemande Lufthansa vient d’écoper d’une amende record de 4 millions de dollars infligée par le ministère américain des Transports. Son crime ? Avoir refusé l’embarquement à plus d’une centaine de passagers juifs sur un vol New York – Budapest en mai 2022, lors d’une escale à Francfort. Un acte de discrimination caractérisée qui soulève de sérieuses questions sur l’antisémitisme latent qui gangrène encore certaines compagnies aériennes.
Retour sur les faits : plus de 100 passagers juifs refoulés sans raison
Selon les éléments de l’enquête, le personnel navigant de Lufthansa aurait considéré arbitrairement que les passagers juifs, qui portaient pour la plupart une tenue traditionnelle orthodoxe, formaient un groupe homogène ne respectant pas les consignes sanitaires. Une allégation contestée par de nombreux témoins. Sur cette seule base, plus de 100 personnes, dont de nombreuses familles avec enfants, se sont vues interdire l’accès à l’avion, alors même que beaucoup ne se connaissaient pas et voyageaient séparément.
On nous a traités comme des pestiférés, comme si le simple fait d’être juif faisait de nous des dangers publics. C’était humiliant et révoltant.
– Un passager refoulé témoigne sous couvert d’anonymat
Une sanction exemplaire pour envoyer un message fort
Face à la gravité des faits, le ministère américain des Transports a décidé de frapper fort. L’amende de 4 millions de dollars, un record pour une affaire de droits civiques dans l’aviation, vise à rappeler que ce type de comportement n’a pas sa place au 21ème siècle.
Le message est clair : tolérance zéro pour les discriminations dans nos aéroports et nos avions. Les droits civiques des voyageurs ne sont pas négociables.
– Pete Buttigieg, Secrétaire américain aux Transports
Pour la compagnie allemande, c’est un lourd tribut à payer, non seulement financier mais aussi en termes d’image. Depuis le scandale, Lufthansa multiplie les excuses publiques et les engagements à former son personnel à la lutte contre l’antisémitisme.
Un enjeu qui dépasse le cadre d’une compagnie
Mais au-delà du seul cas Lufthansa, cette affaire remet en lumière le fléau persistant de la discrimination antisémite dans le secteur du transport aérien. Des associations comme l’American Jewish Committee pointent du doigt un problème récurrent et appellent l’ensemble des acteurs à se mobiliser.
Nous devons aborder cette question frontalement et collectivement. Former les équipages, changer les mentalités, mettre en place des procédures. Être juif ne doit plus jamais être un motif pour se voir refuser un vol.
– David Harris, Directeur exécutif de l’American Jewish Committee
L’affaire Lufthansa marque ainsi un tournant. Elle met en lumière de façon crue une réalité que beaucoup préfèrent ignorer et ouvre la voie, espérons-le, à une prise de conscience salutaire dans l’ensemble de l’industrie. Car dans nos sociétés ouvertes et plurielles du 21ème siècle, de tels actes n’ont tout simplement plus leur place. La lutte contre l’antisémitisme et toutes les formes de discrimination doit être une priorité absolue, dans le ciel comme sur terre.