C’est un moment charnière pour la droite française. Après la décision controversée d’Éric Ciotti de nouer une alliance avec le Rassemblement National lors des récentes élections législatives anticipées, Les Républicains se retrouvent pour la première fois en Bureau Politique ce dimanche à la Maison de la Chimie. L’enjeu est de taille : définir une nouvelle direction pour le parti et poser les bases de sa refondation.
Une direction collégiale en attendant le Congrès
Face au départ d’Éric Ciotti, qui a quitté la présidence des Républicains suite à son rapprochement avec le RN, le parti a opté pour une direction collégiale composée de quatre cadres : Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, François-Xavier Bellamy, Daniel Fasquelle et Michèle Tabarot. Une solution temporaire, en attendant la tenue d’un Congrès qui devrait avoir lieu au premier trimestre 2025.
Mais au-delà de la question de l’incarnation, c’est bien la ligne politique du parti qui est en jeu. Pour cela, une mission d’exploration a été confiée à Laurent Wauquiez, chef de file des députés LR, afin de définir les contours du parti de demain : statuts, corps idéologique, mode de fonctionnement…
Wauquiez et Retailleau, futurs candidats à la présidence ?
Si la date du Congrès n’est pas encore fixée, les noms de potentiels candidats à la présidence circulent déjà en coulisses. Laurent Wauquiez, dont l’entourage répète qu’il “n’exclut rien”, fait figure de favori. Mais le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau pourrait aussi se lancer dans la course.
Je souhaite qu’il y ait plusieurs candidats. Mais il faut d’abord que l’on travaille ensemble sur une ligne politique. La compétition viendra après.
déclare un parlementaire LR
Tourner la page Ciotti et se réinventer
Après le psychodrame de l’alliance Ciotti-RN, Les Républicains veulent tourner la page et se projeter vers l’avenir. L’objectif est de réinventer une droite moderne, capable de parler à la France qui travaille et de peser dans le débat public.
D’après une source proche de la direction, le parti mise beaucoup sur “l’effet Barnier”, en référence à l’ancien négociateur européen pour le Brexit qui a rejoint le gouvernement en tant que Premier ministre. Sa stature d’homme d’État et son expérience des dossiers économiques pourraient servir de boussole à la droite.
Rassembler au-delà de LR
Mais la tâche s’annonce ardue pour Les Républicains, qui doivent composer avec un paysage politique morcelé. À l’Assemblée nationale, le parti compte désormais deux groupes distincts – la Droite Républicaine de Wauquiez et les “constructifs” favorables à une alliance avec la majorité présidentielle.
Le défi sera aussi de réussir à rassembler au-delà des rangs de LR, en attirant des personnalités de la société civile et en renouant avec un électorat populaire tenté par le vote RN ou l’abstention. Un vaste chantier qui s’ouvre pour la droite, à moins de trois ans de la prochaine élection présidentielle.