Imaginez l’horreur. Vous avez 19 ans, vous venez de province pour une soirée entre amis en banlieue parisienne. Mais ce qui devait être une fête innocente tourne au cauchemar : abandonnée seule au milieu d’une cité, vous vous retrouvez agressée sexuellement par une bande de jeunes hommes cagoulés, dans un sordide local à poubelles. C’est ce qu’a vécu Milly, originaire des Deux-Sèvres, en mars 2020 à Champigny-sur-Marne dans le Val-de-Marne. Aujourd’hui âgée de 23 ans, elle a décidé de raconter son calvaire, à visage découvert.
Piégée et trahie par ses amis en pleine cité
Tout commence par une soirée en voiture avec des amis. Direction Champigny-sur-Marne pour retrouver un certain « Boy ». Mais arrivée dans la cité des Mordacs, les choses dérapent. « Au prétexte d’un manque de place dans la voiture, mes amis m’ont abandonnée en plein milieu de la cité à la nuit tombée », raconte Milly. Livrée à elle-même, la jeune femme suit Boy dans un immeuble où les attend un groupe d’une dizaine d’hommes cagoulés. Boy s’éclipse alors, la laissant seule avec eux. « Ils m’ont poussée dans un local à vélos et poubelles, un lieu sombre et sordide », décrit-elle.
Violentée et agressée par plusieurs individus
Selon le récit de Milly, retranscrit dans le procès-verbal de police : « Ils la giflaient, la faisaient chuter au sol et commençaient à la toucher sur l’ensemble de son corps, tout en l’insultant et en lui crachant dessus ». Terrorisée, la jeune femme tente de se débattre et de fuir, en vain. Les sévices sexuels démarrent et face à sa résistance, elle reçoit un violent coup à la tête qui lui fait perdre connaissance. Quand elle reprend ses esprits peu après, le cauchemar continue. « J’étais une poupée de chiffon, pardonnez-moi l’expression, mais j’en avais par tous les trous », relate-t-elle avec émotion quatre ans plus tard.
Violée sous la menace d’une arme
D’après Milly, trois des hommes présents lui imposent des fellations et des pénétrations sans préservatif, éjaculant sur ses vêtements. Un quatrième sort alors une arme à feu qu’il pointe sur sa tempe en la menaçant : « Il m’a dit que Mélissa savait où moi et ma famille habitions, au cas où je voudrais les dénoncer, puis il m’a violée à son tour », rapporte la jeune femme. Pendant ce temps, les autres l’insultent en rigolant : « pute », « crasseuse », « salope »…
Des agresseurs identifiés, renvoyés devant la justice
Cinq personnes ont été identifiées et mises en examen pour « viol en réunion » et « complicité de viol en réunion ». Il s’agissait d’adolescents au moment des faits. Ils seront jugés prochainement par un tribunal pour enfants. Mais pour Milly, le combat est loin d’être terminé.
Un long chemin vers la reconstruction
Depuis cette nuit d’horreur, la vie de Milly a basculé. En proie à un lourd traumatisme psychologique, elle a dû quitter son emploi et suivre une thérapie. « J’ai perdu toute confiance en moi, j’ai des crises d’angoisse dès que je suis seule dehors, confie-t-elle. Je fais des cauchemars récurrents, j’ai l’impression d’être salie à vie ».
Pourtant, Milly a trouvé le courage de porter plainte et d’affronter ses agresseurs. Une décision motivée par la volonté d’obtenir justice mais aussi d’aider d’autres victimes :
« Si je témoigne aujourd’hui, c’est pour toutes les filles qui vivent ce genre de choses et n’osent pas en parler. Pour leur dire qu’elles ne sont pas seules et que ce n’est pas leur faute. Qu’il faut se battre et ne pas laisser ces monstres gagner »
Milly, victime de viol en réunion
Une réalité glaçante, reflet d’une société malade
Malheureusement, le calvaire enduré par Milly est loin d’être un cas isolé. Selon des sources policières, les viols collectifs seraient en augmentation constante dans certaines zones urbaines sensibles :
- Recrudescence des plaintes pour viols en réunion
- Des victimes toujours plus jeunes (mineures dans 30% des cas)
- Phénomène de « tournantes » dans certaines cités
- Emprise croissante des réseaux de proxénétisme
Pour les forces de l’ordre et les associations, il est urgent d’agir afin d’endiguer ce fléau. Cela passe par un renforcement des moyens policiers et judiciaires dans les quartiers concernés, mais aussi par un vaste travail d’éducation et de prévention auprès des jeunes et des familles.
Car derrière l’histoire tragique de Milly, se cache une réalité glaçante : celle d’une société minée par les violences faites aux femmes, où les prédateurs sexuels agissent trop souvent en toute impunité. Face à ce constat alarmant, le témoignage courageux de cette rescapée résonne comme un appel à ouvrir les yeux et à se mobiliser. Pour que plus jamais, aucune autre « Milly » n’ait à vivre un tel enfer.
