En ce dimanche 13 octobre, la petite ville andalouse de Roquetas de Mar a été le théâtre d’une messe pour le moins inhabituelle. Organisée par la paroisse locale, cette cérémonie religieuse était entièrement consacrée aux migrants, une initiative qui n’a pas manqué de faire réagir dans un contexte de crise migratoire exacerbée. Retour sur une journée qui a cristallisé les tensions autour de ce sujet brûlant.
Une messe dédiée aux migrants qui divise
D’après nos informations, c’est à l’occasion de la célébration de l’apparition de la Vierge Marie à Fatima que le curé de la paroisse de Roquetas de Mar a choisi de placer les migrants au cœur de son homélie. Un choix fort et symbolique, dans une région qui est l’une des principales portes d’entrée pour les migrants arrivant sur le sol espagnol.
Si certains fidèles ont salué ce geste comme un appel à la compassion et à la solidarité envers les populations migrantes, d’autres voix se sont élevées pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme une forme d’instrumentalisation politique d’un lieu de culte. Sur les réseaux sociaux, les réactions oscillent entre soutien et indignation, reflétant les profondes divisions de la société espagnole sur la question migratoire.
L’Église, acteur engagé dans la crise migratoire
Loin d’être un événement isolé, cette messe s’inscrit dans une série d’actions menées par l’Église catholique pour venir en aide aux migrants. De l’hébergement d’urgence à l’accompagnement juridique en passant par des campagnes de sensibilisation, de nombreuses paroisses et associations chrétiennes se mobilisent aux côtés des exilés.
“En tant que chrétiens, nous avons le devoir d’accueillir l’étranger et de tendre la main aux plus vulnérables”
a déclaré un responsable de la Caritas espagnole.
Un engagement qui ne fait cependant pas l’unanimité au sein même de l’institution ecclésiale. Certains prélats, proches des franges les plus conservatrices, craignent en effet qu’un positionnement trop favorable à l’accueil ne stimule les flux migratoires et ne mette en péril l’identité chrétienne du pays.
Un sujet politique explosif
Au-delà des cercles religieux, la messe des migrants a également eu un fort retentissement politique. Alors que le gouvernement de coalition de gauche prône une approche humaniste centrée sur l’intégration, l’opposition de droite fustige ce qu’elle perçoit comme un laxisme encourageant l’immigration illégale.
Le parti d’extrême droite Vox, en pleine ascension dans les sondages, n’a pas manqué de s’emparer de la polémique, y voyant la preuve d’un “grand remplacement” en cours. Une rhétorique anxiogène et clivante, symptomatique des tensions qui traversent la société espagnole sur fond de crise économique et identitaire.
Vers un nécessaire débat apaisé
Au final, la messe des migrants de Roquetas de Mar aura surtout eu le mérite de remettre sur le devant de la scène un enjeu crucial pour l’avenir de l’Espagne et de l’Europe. Loin des postures et des polémiques stériles, il apparaît plus que jamais nécessaire d’engager un débat serein et constructif sur les défis posés par l’immigration.
Un débat qui devra associer tous les acteurs de la société civile, au premier rang desquels les associations, les partenaires sociaux et les représentants des communautés immigrées. Car c’est en favorisant le dialogue et la compréhension mutuelle que l’Espagne parviendra à bâtir une société inclusive et harmonieuse, fidèle à ses valeurs d’hospitalité et d’humanisme.
Les chiffres clés de l’immigration en Espagne
- 6,1 millions d’étrangers résidaient en Espagne en 2020, soit 12,9 % de la population totale.
- En 2022, l’Espagne a enregistré 41 945 demandes d’asile, en hausse de 57,5 % par rapport à 2021.
- Selon des estimations officielles, 600 000 immigrés sont en situation irrégulière sur le territoire espagnol.
Sources : Institut national des statistiques (INE), ministère de l’Intérieur.
