Le verdict est tombé. Ce lundi, la justice russe a condamné le chercheur français Laurent Vinatier à trois ans d’emprisonnement pour ne pas s’être enregistré en tant qu’ « agent de l’étranger ». Une décision aussitôt qualifiée « d’une extrême sévérité » par le Quai d’Orsay. Retour sur une affaire symptomatique des relations tendues entre la France et la Russie.
Un chercheur dans le viseur de Moscou
Âgé de 48 ans, Laurent Vinatier est un spécialiste reconnu de l’espace post-soviétique. Travaillant pour le Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG suisse œuvrant pour la médiation internationale, il avait été arrêté début juin en Russie. Motif invoqué par les autorités russes : le non-respect du statut dit d’« agent de l’étranger », un label aux lourdes obligations administratives sous peine de sanctions pénales.
Lors de son procès, Laurent Vinatier avait plaidé coupable tout en expliquant ignorer cette obligation légale russe. Mais cet argument n’a pas convaincu le parquet qui a requis une peine de trois ans et trois mois de détention dans une colonie pénitentiaire.
Une condamnation “d’une extrême sévérité”
Pour Paris, cette condamnation est totalement disproportionnée. D’après une source proche du dossier, la diplomatie française a immédiatement dénoncé un verdict « d’une extrême sévérité » illustrant la dégradation continue des relations entre la France et la Russie. Des relations minées par les accusations réciproques de déstabilisation et de désinformation russes d’un côté, et de soutien français croissant à l’Ukraine de l’autre.
Les relations entre Moscou et Paris sont très tendues. La Russie est accusée d’une série d’actes de déstabilisation et de désinformation sur le territoire français, tandis que la France se voit reprocher son soutien croissant à l’Ukraine.
– Un diplomate français
Des “prises d’otages” occidentaux ?
Pour de nombreux observateurs, l’affaire Laurent Vinatier s’inscrit dans un contexte plus large de « prises d’otages occidentaux » par Moscou. Ces dernières années, plusieurs ressortissants occidentaux, en particulier américains, ont ainsi été arrêtés en Russie sous de graves accusations. L’objectif de la Russie serait d’utiliser ces détenus comme monnaie d’échange pour obtenir la libération de Russes emprisonnés à l’étranger.
Pour le chercheur français, les perspectives semblent donc sombres à court terme. Sa condamnation risque de tendre encore davantage les relations déjà exécrables entre Moscou et Paris. Et de rendre encore plus complexe tout dialogue ou médiation entre les deux pays sur les nombreux dossiers qui les opposent, de l’Ukraine à l’ingérence présumée.
Une situation qui préoccupe jusqu’au plus haut sommet de l’État. Lors d’un déplacement ce mardi, le président Emmanuel Macron a promis que la France allait « continuer à se battre » pour Laurent Vinatier. Mais sans grand espoir de résultat rapide dans le climat actuel.