Alors que le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau affiche un discours martial sur la sécurité, des voix s’élèvent à gauche pour proposer une approche plus nuancée sur ce sujet sensible. Du PS à LFI en passant par le PCF, une volonté émerge de ne plus laisser ce terrain à la droite et d’apporter des réponses progressistes.
Un « mal-être » de la gauche sur la sécurité
Longtemps, la sécurité a été vue comme un sujet tabou à gauche, un domaine où la droite et l’extrême-droite imposaient leurs thèmes. Comme le soulignait récemment l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, la gauche semblait « mal à l’aise » face aux questions d’autorité, d’identité ou d’immigration.
Pourtant, des responsables de gauche estiment désormais urgent et nécessaire d’investir ce champ. Selon un cadre du PS, il faut arrêter de penser que « le monde a commencé » avec la nouvelle génération et oser aborder ces sujets de front.
Des propositions concrètes au PS et au PCF
Au Parti socialiste, on entend porter des mesures alliant fermeté et prévention. Un responsable évoque la nécessité d’une présence policière accrue mais aussi d’un meilleur encadrement de la jeunesse via l’éducation et les associations.
Chez les communistes, Fabien Roussel défend une ligne de « sécurité populaire » articulant répression des trafics et des incivilités avec des politiques de réinsertion par l’emploi dans les quartiers. Il plaide pour des effectifs supplémentaires de police de proximité.
La gauche radicale réticente mais pas fermée
Si LFI et EELV restent plus prudents, refusant toute surenchère sécuritaire, des voix nouvelles émergent. L’eurodéputé Leïla Chaibi appelle ainsi la gauche à formuler son propre récit républicain de l’ordre, fondé sur la justice sociale et l’égalité.
On ne doit pas laisser la sécurité à la droite. C’est un sujet de gauche, car il touche d’abord les classes populaires.
Leïla Chaibi, eurodéputée LFI
Vers une doctrine de gauche sur la sécurité ?
Au-delà des clivages, un consensus semble se dégager à gauche sur la nécessité d’une approche globale de la sécurité, sans « impasse ni tabou ». L’enjeu : articuler maintien de l’ordre et lutte contre les causes économiques et sociales de l’insécurité.
Cela passera par un travail de fond pour bâtir une véritable « doctrine de gauche » en la matière, fondée sur la prévention, la justice et l’émancipation des individus. Un chantier de longue haleine, mais devenu incontournable pour reconquérir l’électorat populaire.