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Pesticides interdits détectés chez des enfants en Charente-Maritime

Une association locale tire la sonnette d'alarme après avoir découvert des traces de pesticides interdits chez des enfants vivant près de zones agricoles. Les résultats de cette enquête citoyenne soulèvent de sérieuses questions sur l'impact des pratiques agricoles sur la santé des plus jeunes...

Une enquête citoyenne menée par l’association Santé Avenir Environnement vient de révéler des résultats alarmants. Des traces de pesticides, dont certains sont interdits depuis plusieurs années, ont été retrouvées dans les cheveux et les urines de dizaines d’enfants habitant à proximité de zones agricoles dans la plaine d’Aunis, près de La Rochelle en Charente-Maritime.

Une étude inédite sur l’imprégnation des enfants aux pesticides

Voulant dresser un état des lieux de l’exposition des plus jeunes à de multiples substances, l’association a prélevé des échantillons sur 72 enfants âgés de 3 à 17 ans dans six communes de la région. Les analyses, menées par des chercheurs de l’Inrae et de l’Inserm, ont mis en évidence la présence de pas moins de 14 molécules différentes dans les urines, avec une moyenne de 1,8 par enfant.

Des pesticides interdits depuis des années

Parmi les produits détectés le plus fréquemment, on retrouve notamment des insecticides comme le pentachlorophénol (PCP), présent chez près d’un enfant sur deux, mais aussi des fongicides tels que le propamocarbe (34,7% des enfants) et le phényl-2-phénol (26,4%). Plus inquiétant encore, les analyses des cheveux ont révélé la présence de néonicotinoïdes à des taux élevés chez 11 enfants, alors même que ces substances sont interdites depuis 2013 et 2018 en France.

Plus les enfants habitent près des champs, plus les taux de pesticides retrouvés sont élevés

– Laurence Huc, directrice scientifique à l’Inrae et l’Inserm

15 cas de cancers pédiatriques recensés depuis 2008

Cette étude fait écho à une réalité préoccupante dans la plaine d’Aunis. Depuis 2008, pas moins de 15 cas de cancers pédiatriques y ont été recensés, entraînant le décès de deux enfants. Face à l’inaction des pouvoirs publics, l’association Santé Avenir Environnement a décidé de mener l’enquête, comme l’explique son fondateur :

On veut une enquête des pouvoirs publics. On a fait ce projet citoyen de recherche parce que l’Agence Régionale de Santé et Santé Publique France ne font rien.

– Franck Rinchet-Girollet, fondateur de Santé Avenir Environnement

Ces résultats soulèvent de sérieuses questions quant à l’impact des pratiques agricoles sur la santé des populations, et en particulier des enfants, vivant à proximité des zones traitées. Ils viennent s’ajouter aux nombreuses études pointant déjà du doigt les dangers des pesticides pour la santé humaine et l’environnement.

Vers une transition agricole plus saine ?

Face à ce constat alarmant, l’association Santé Avenir Environnement appelle les pouvoirs publics à prendre des mesures fortes. Parmi les revendications :

  • L’interdiction de tous les pesticides suspectés d’être cancérogènes, mutagènes ou perturbateurs endocriniens
  • L’instauration de zones tampons sans traitement autour des habitations
  • Un soutien accru à la transition vers une agriculture biologique et paysanne

Il est urgent d’engager une réflexion collective sur le modèle agricole que nous souhaitons pour protéger la santé des générations futures. Cette enquête citoyenne a le mérite de mettre en lumière une réalité trop souvent passée sous silence et appelle à une prise de conscience. Le changement vers une agriculture plus saine et durable est l’affaire de tous.

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