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Fusillade en plein centre-ville de Grenoble : l’intimidation du trafic de drogue

Panique sur le marché de la place Saint-Bruno à Grenoble samedi matin. Des coups de feu claquent, des clients se terrent en terrasse. Pas de blessés mais les tensions du trafic de drogue s'invitent au cœur de la ville. Le quartier, gangrené par les...

Samedi matin, 10 heures. Le marché de la place Saint-Bruno à Grenoble bat son plein sous un soleil radieux. Étals colorés, badauds qui flânent, les conversations animées se mêlent aux cris des marchands. Une scène de vie ordinaire en centre-ville. Jusqu’à ce que des détonations déchirent l’air, semant la panique sur la petite place. Plusieurs coups de feu viennent d’être tirés à hauteur du bar-PMU “Le Galopin”, à l’angle de la rue de la Nursery. Clients et serveurs se jettent à terre ou se barricadent à l’intérieur. Sur les terrasses voisines, c’est un réflexe similaire. Quelques minutes de stupeur et de cris, puis le calme revient, aussi soudainement que l’effroi s’était emparé des lieux.

Des tirs en l’air, aucun blessé à déplorer

Rapidement sur place, les forces de l’ordre s’affairent, rassemblant les premiers témoignages. Il n’y a fort heureusement aucun blessé à déplorer. L’auteur des tirs, qui a agi seul selon certains ou avec un complice juché sur une trottinette selon d’autres, semble avoir délibérément tiré en l’air. Un acte d’intimidation plus que de violence aveugle, mais qui n’en souligne pas moins la dangerosité d’un quartier gangrené par le trafic de drogue et les guerres de territoire qui l’accompagnent.

Saint-Bruno, plaque tournante des stupéfiants à Grenoble

L’insécurité est montée d’un cran ces dernières années dans ce quartier pourtant situé en plein cœur de Grenoble. La place Saint-Bruno et ses alentours sont devenus une plaque tournante du trafic de stupéfiants, avec son lot de deals à ciel ouvert, de guetteurs et de règlements de compte entre bandes rivales. Un fléau qui accentue le sentiment d’abandon ressenti par une partie des riverains et des commerçants, contraints de composer avec cette violence au quotidien.

“On a l’habitude des coups de feu ici, ça arrive régulièrement. Mais en plein milieu du marché un samedi matin, c’est une première. Les trafiquants veulent clairement montrer qu’ils sont chez eux et font ce qu’ils veulent. C’est ça le plus inquiétant.”

Un commerçant de la place Saint-Bruno

L’indifférence apparente, un mécanisme de défense

Quelques minutes après la fusillade, les conversations reprennent sur le marché comme si de rien n’était. Les badauds se remettent à flâner entre les étals, les clients se réinstallent aux terrasses des cafés. Une indifférence apparente face à la violence qui vient de se jouer, comme un mécanisme de défense fasse à un phénomène devenu presque banal. Pourtant, en y regardant de plus près, les visages sont tendus, inquiets. Cette fusillade de trop vient rappeler à quel point la situation s’envenime dans le quartier.

“Les gens ont l’air de continuer à vaquer normalement mais c’est une façade. Tout le monde sait que le problème ne cesse de s’aggraver. On craint qu’un drame finisse par arriver, qu’une balle perdue fasse un mort un de ces jours. Il faut que les autorités réagissent maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.”

Une habituée du marché Saint-Bruno

Les autorités face au défi du trafic de drogue

Pour les forces de l’ordre et la municipalité, endiguer le trafic de drogue et ses violences est un défi de tous les instants. Des opérations coup de poing sont régulièrement menées pour interpeller dealers et guetteurs, saisir des stupéfiants et de l’argent sale. Mais les trafiquants s’adaptent, la drogue continue de circuler. Face à ce jeu du chat et de la souris, certains prônent une présence policière accrue et visible pour rassurer les habitants. D’autres misent davantage sur des actions de fond pour s’attaquer aux racines économiques et sociales qui nourrissent le trafic.

“Il faut conjuguer répression et prévention si on veut avoir une chance d’assainir durablement le quartier. Mais c’est un travail de longue haleine, qui demande des moyens, de la coordination et de la persévérance. En attendant, on ne peut pas laisser les trafiquants dicter leur loi comme ce matin.”

Un responsable policier

Après la peur, la colère et l’exaspération

À mesure que la matinée avance, la peur cède le pas à la colère sur la place Saint-Bruno. Colère face à ce quartier qui part à vau-l’eau au vu et au su de tous. Exaspération de riverains, commerçants, parents d’élèves, qui se sentent pris en otage par les trafiquants et abandonnés par les pouvoirs publics. Beaucoup réclament des actes forts pour restaurer la sécurité et la tranquillité. Certains menacent de se faire justice eux-mêmes si rien n’est fait. Un cri d’alarme qu’on ne peut plus ignorer, comme le souligne ce père de famille :

“J’habite ce quartier depuis 20 ans, j’y élève mes enfants. Mais ces dernières années, les choses ont vraiment dégénéré. Ce n’est plus vivable. La fusillade de ce matin est la goutte de trop. Si même un samedi matin en famille sur le marché on n’est plus en sécurité, où va-t-on ? Il faut agir vite et fort, ou ça va très mal finir. On ne veut pas d’un drame pour se réveiller !”

Un habitant excédé

Les coups de feu qui ont résonné ce samedi matin en plein cœur de Grenoble sont venus rappeler brutalement que la guerre contre les trafics de drogue ne se cantonne pas aux cités périphériques. Les intimidations des dealers se déploient jusqu’au centre-ville, au mépris des habitants qui tentent d’y vivre normalement. Un défi immense pour les autorités, pressées d’agir avant qu’un point de non retour ne soit atteint et que la violence ne devienne totalement incontrôlable. L’avenir de tout un quartier, et peut-être d’une ville entière, est en jeu.

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