Imaginez la scène : un enfant de 5 ans, assis sagement sur les bancs de l’école, participe avec enthousiasme à une discussion sur les chats initiée par son enseignante. Lorsque celle-ci explique que ces félins ont la particularité de voir dans le noir, le jeune garçon intervient spontanément : “Bah oui, ils sont nyctalopes !” Jusque-là, rien d’extraordinaire, me direz-vous. Sauf que cette remarque, pourtant pertinente, va valoir à l’élève d’être exclu de la classe ! Retour sur un incident aussi surprenant que révélateur des défis auxquels sont confrontés les enfants à haut potentiel intellectuel (HPI) dans le système scolaire traditionnel.
Un vocabulaire précoce source de malentendus
Mariette Bousquet, directrice pédagogique du cours privé Cyrano à Nice, relate cet épisode étonnant dont a été victime un élève HPI de 5 ans. Lors d’un échange avec la maman de l’enfant, cette dernière lui a confié que son fils avait été renvoyé de classe après avoir employé le terme “nyctalope”. L’enseignante, ne connaissant visiblement pas ce mot, a cru à une insulte et a sanctionné l’élève en l’excluant. Un malentendu qui illustre parfaitement le décalage entre le niveau de langage de certains enfants précoces et les attentes de l’école.
La maîtresse a eu le sentiment de se faire insulter.
– Mariette Bousquet, directrice pédagogique
Des capacités cognitives en décalage avec l’âge
Les enfants HPI se caractérisent par des aptitudes intellectuelles nettement supérieures à la moyenne. Ils ont souvent un vocabulaire très développé pour leur âge et des centres d’intérêt pointus qui peuvent dérouter les adultes. Dans le cas de ce jeune élève niçois, utiliser avec aisance un terme comme “nyctalope” – qui désigne la capacité de voir dans l’obscurité – témoigne de connaissances et d’une curiosité hors normes. Malheureusement, cette précocité est parfois mal comprise, voire perçue comme une menace par des enseignants peu familiers avec le profil HPI.
L’école traditionnelle face au défi de la différence
Pour les enfants à haut potentiel, évoluer dans un environnement scolaire classique relève souvent du parcours du combattant. Habitués à apprendre et à comprendre plus vite que la moyenne, ils s’ennuient fréquemment en classe et peinent à trouver leur place. Leurs interrogations pertinentes et leur soif de connaissance peuvent être perçues comme des provocations par des professeurs déstabilisés. Résultat : au lieu d’être encouragés et stimulés, ces élèves atypiques se retrouvent incompris, voire marginalisés.
On se demande si on ne fait pas de la garderie de futurs chômeurs (…) Je les trouve en décalage total avec le monde du travail qui les attend.
– Béatrice, professeur en ZEP à Marseille (témoignage de 2009)
Changer de paradigme éducatif, une nécessité
L’incident du petit niçois est symptomatique d’un système éducatif à bout de souffle, en panne de solutions face aux profils sortant de l’ordinaire. Alors que l’école inclusive est érigée en priorité, la réalité du terrain montre que la route est encore longue. Pour offrir à chaque enfant, quel que soit son potentiel, les meilleures chances de s’épanouir, un changement de mentalité s’impose. Cela passe par une meilleure formation des enseignants aux spécificités des élèves HPI et par la mise en place de parcours personnalisés.
Car derrière chaque “insulte” présumée d’un enfant précoce se cache peut-être un petit génie incompris, avide de connaissances et terriblement en avance sur son temps. À nous, adultes, de faire preuve d’ouverture d’esprit et de bienveillance pour lui permettre de déployer ses ailes. L’avenir de notre société en dépend.
Si vous êtes parent d’un enfant HPI ou enseignant confronté à ce type de profil, n’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire. Ensemble, faisons bouger les lignes pour une école plus inclusive et adaptée aux besoins de chaque élève !
