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L’agence Fitch maintient la note de la France, mais place le pays sous perspective négative

Fitch maintient la note "AA-" de la France, mais place le pays sous perspective négative, craignant une dérive des déficits. Le gouvernement parviendra-t-il à redresser les finances publiques sans étouffer la croissance ? Un défi de taille pour l'exécutif...

Vendredi soir, l’agence de notation Fitch a livré son verdict très attendu sur l’état de santé de l’économie française. Si la note “AA-” de la France a été maintenue, témoignant de la solidité fondamentale du pays, l’agence a néanmoins décidé de placer l’Hexagone sous perspective négative. Une décision qui sonne comme un avertissement adressé au gouvernement sur fond de finances publiques dégradées.

La France maintenue sous haute surveillance

Dans son communiqué, Fitch pointe du doigt les “risques accrus” pesant sur la politique budgétaire tricolore depuis son dernier examen datant d’avril. L’agence s’inquiète notamment du “dérapage budgétaire prévu cette année”, qui placerait la France “dans une situation plus défavorable”. Conséquence directe selon elle : les déficits publics devraient s’avérer plus importants qu’escompté, entraînant “une forte augmentation de la dette publique pour atteindre 118,5 % du PIB d’ici 2028″.

Une analyse pessimiste qui tranche avec l’objectif affiché par le gouvernement de ramener le déficit public à 5 % du PIB dès 2025, puis sous la barre des 3 % en 2029. Pour Fitch, cet engagement relève de la gageure. L’agence table ainsi sur des déficits à 5,4 % du PIB en 2025 et 2026, loin des prévisions de Bercy.

Un budget 2025 sous le signe de la rigueur

Face à ces sombres perspectives, l’exécutif a dévoilé jeudi un projet de budget 2025 placé sous le signe de l’austérité. Au menu : 60 milliards d’euros d’efforts, mêlant réduction des dépenses et hausses d’impôts. Un tour de vis d’une “ampleur relativement inédite” selon le président du Haut Conseil des Finances Publiques Pierre Moscovici, jugé indispensable par le gouvernement pour éviter un risque de “crise financière”.

“On ne fait pas une politique pour des agences de notation, mais on regarde évidemment quel est le climat international et quel regard les instituts portent sur la France. Et ce regard, il est attentif.”

– Antoine Armand, ministre de l’Économie

Reste à savoir si cette cure d’austérité parviendra à rassurer durablement les agences de notation. Car si la dégradation de la note française a pour l’heure été évitée, la perspective négative laisse planer la menace d’un déclassement dans les prochains mois en cas de dérive persistante des comptes publics.

L’équation délicate de la croissance

Autre inconnue : l’impact de ce tour de vis budgétaire sur la croissance économique. Car en serrant la vis, le gouvernement prend le risque d’étouffer l’activité et de compliquer encore un peu plus le retour à l’équilibre budgétaire. Un scénario jugé probable par Pierre Moscovici, qui qualifie volontiers l’année 2024 de “noire” pour l’économie française.

Pour l’heure, l’exécutif se veut rassurant et table sur une croissance de 1,1 % en 2025. Mais les économistes se montrent plus circonspects, craignant un ralentissement plus marqué sous l’effet des mesures d’austérité. Un paramètre qui pourrait peser lourd dans le délicat rééquilibrage des finances publiques et assombrir encore davantage les perspectives économiques.

Autant de défis qui attendent le gouvernement dans les mois à venir. Car si l’Hexagone conserve pour l’instant la confiance des marchés, la France n’est pas à l’abri d’une sanction des agences de notation. Un avertissement qui devrait inciter l’exécutif à accélérer le pas sur le chemin périlleux du redressement des comptes publics.

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