Au cœur du conflit israélo-palestinien, une frappe aérienne d’une rare intensité vient d’être menée par l’armée israélienne en plein territoire occupé de Cisjordanie. Selon Tsahal, Mohammed Abdullah, haut responsable du groupe terroriste Djihad islamique, a été éliminé lors de ce raid dévastateur sur le camp de réfugiés de Nour Shams. Un nouveau pic de violence qui ravive les tensions dans la région.
Un raid aérien meurtrier au cœur d’une zone densément peuplée
C’est dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, que l’aviation israélienne a frappé. Plus précisément à Nour Shams, l’un des 19 camps de réfugiés les plus touchés par les problèmes sanitaires selon l’ONU. Dans cet espace d’à peine un cinquième de km², plus de 13 000 Palestiniens s’entassent dans des conditions précaires.
C’est là, au milieu de cette population civile dense et vulnérable, qu’Israël affirme avoir ciblé et tué Mohammed Abdullah, présenté comme le nouveau chef local du Djihad islamique. Un autre combattant aurait également péri dans la frappe.
Un successeur éliminé, une escalade des violences
Selon l’armée israélienne, Abdullah avait récemment pris la tête du réseau du Djihad islamique à Nour Shams, succédant à Mohammed Jaber, dit « Abou Choujaa », lui-même tué fin août dans un précédent raid israélien sur le camp. Abdullah était accusé d’être «en charge du réseau terroriste» et «impliqué dans de nombreuses attaques».
Une élimination ciblée qui s’inscrit dans un contexte de regain de tensions et d’affrontements meurtriers en Cisjordanie. Jeudi, l’armée israélienne affirmait déjà avoir tué 12 «terroristes» du Hamas et du Djihad islamique à Tulkarem, tandis que les Palestiniens décomptaient 18 morts dont des civils.
«La destruction d’un bâtiment entier plein de monde par un bombardement aérien témoigne d’un mépris flagrant d’Israël pour ses obligations»
– Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme
Nour Shams, un camp de réfugiés pris pour cible
Ouvert en 1952 pour accueillir des Palestiniens ayant fui lors de la création d’Israël, Nour Shams est l’un des camps de réfugiés les plus surpeuplés et insalubres de Cisjordanie. Les branches armées des différentes factions palestiniennes y sont très actives, annonçant régulièrement des pertes lors d’affrontements avec l’armée israélienne.
Fin août déjà, le camp avait été visé par une vaste offensive terrestre et aérienne de Tsahal contre les groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie. Des opérations meurtrières dénoncées par l’ONU.
Le spectre d’une escalade incontrôlable
Depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre dernier par la surprenante attaque du Hamas en Israël, les violences n’ont cessé de s’intensifier en Cisjordanie, faisant craindre une nouvelle Intifada. D’un côté, l’armée israélienne multiplie les raids, de l’autre, la résistance palestinienne s’organise.
Chaque frappe, chaque mort, attise un peu plus les braises d’un conflit qui semble parti pour durer. Sans perspective de paix à court terme, le risque d’un embrasement général est dans tous les esprits. La communauté internationale, elle, peine à se faire entendre entre deux puissances qui semblent avoir choisi la voie des armes. Une escalade meurtrière dont les principales victimes restent les populations civiles, prises en étau dans ce cycle de représailles sans fin.